Viviane Philippe et Valérie Skubiszewski : à qui la garde des enfants ?

Voici un exemple de 2 cas connus par notre association.

Divorce : quand le Rhin sépare

Quand un couple franco-allemand divorce, les droits de garde des enfants donnent souvent lieu à des conflits aigus. En cause, la différence d’approche en matière de droit de la famille des deux côtés du Rhin, et la difficulté à se conformer à la réglementation européenne.


Article de Peter Pfeil, paru le 22/06/2016 dans le Journal Les Dernières Nouvelles d’Alsace

Article A qui la garde des enfants

Session plénière du 27 et du 28 avril 2016

A la session plénière du Parlement européen du 27 et du 28 avril 2016, on a « débattu » pendant une heure de l’intérêt supérieur des enfants, notamment, dans les cas de conflits familiaux entre deux parents de nationalités différentes. Si on a pris soin de ne pas nommer les coupables, on n’en a pas moins cité quelques-unes de leurs exactions.

Si tout le monde s’accordait à dire qu’il fallait mettre un terme au failles légales contenues dans le règlement dit « Bruxelles II bis » pour que l’intérêt supérieur de l’enfant prime sur tout le reste, plusieurs eurodéputés ont réaffirmé que le droit de la famille devait conserver son caractère exclusivement national. Mais ne soyons pas pessimistes…

Saluons tout de même l’intervention de l’eurodéputée italienne Eleonora EVI (Groupe Europe de la liberté et de la démocratie directe) qui a nommé le partenaire à l’encontre de qui ces centaines de pétitions sont déposées.

On leur a volé leurs enfants. Seront-ils aussi ruinés ?

Depuis novembre 2015, sur 9 parents qui nous ont contactés, 5 se demandent comment ils vont faire pour payer les pensions alimentaires que les tribunaux allemands et le Jugendamt leur demandent. Le dernier en date nous a confié : « Je n’ai même plus de quoi m’acheter des pâtes ». Nous publierons bientôt son témoignage s’il nous y autorise.

On se souvient de Lionel Gilberti. Ce père alsacien qui a été extradé à la suite d’un mandat d’arrêt européen abusif émis par l’Allemagne, au motif qu’il refusait de continuer à payer la pension alimentaire de ses deux enfants retenus de l’autre côté du Rhin.

Lorsqu’il a motivé son refus par le fait qu’il ne savait même pas si ses enfants étaient encore en vie, le Jugendamt, l’administration de la jeunesse allemande lui a répondu que tant qu’il ne recevait pas d’avis de décès, c’est qu’ils étaient vivants !

Pendant 10 jours, Lionel a été traîné de prison en prison pour finalement être relâché, sans argent ni papiers ou téléphone.

Finalement, nous apprîmes que Lionel Gilberti avait fait l’objet d’un mandat d’arrêt européen, parce qu’il ne se serait pas présenté à une convocation qu’il n’a jamais reçue puisqu’elle aurait été envoyée à une mauvaise adresse. Cette petite aventure a coûté à Lionel Gilberti qui n’a toujours pas de contact avec ses enfants, 15 000 € de frais de procédure et la perte de son emploi.

Depuis plusieurs mois maintenant, Valérie, une maman membre de notre association fait l’objet de poursuites de la part de son ex-mari ressortissant allemand, qui exige qu’elle lui verse deux pensions alimentaires.

Ces pensions alimentaires seraient pour leurs deux enfants, qu’il lui interdit avec la complicité des autorités allemandes, d’approcher et de contacter depuis le 15 septembre 2004.

Or, Valérie ne sait même pas ce que sont devenus ses enfants qui vraisemblablement, ne vivent pas avec leur père.

Elle ne sait même pas s’ils sont en bonne-santé.

Pourtant, elle doit de nouveau affronter les institutions d’un Etat qui tente maintenant, par des procédés illégaux, de l’intimider et de faire pression sur elle, pour l’obliger à payer des pensions alimentaires calculées de manière tout à fait arbitraire.

Ainsi, le 31 août 2015, Valérie a reçu une lettre en Allemand du tribunal de Baden-Baden, qu’elle a renvoyée accompagnée d’une copie d’un extrait du règlement européen qui prévoit la traduction obligatoire pour toute demande d’un pays vers un autre, dans la langue de ce dernier.

Un autre courrier lui a été adressé en Allemand le 28 septembre 2015, auquel elle a répondu de la même manière.

Finalement, c’est par courrier partiellement traduit du 24 novembre 2015, que le tribunal familial allemand l’a condamnée à verser 6900€ d’arriérés de pension alimentaire.

Ce jugement ne tient pas compte de ses revenus ni de ses charges et le tribunal la condamne sans même l’avoir convoquée à une audience.

Par ailleurs, pour tromper les autorités françaises en donnant une apparence légale à ces exactions, une demande de situation financière assortie d’un délai de réponse de 3 semaines et le jugement qui précise que Valérie refuse de coopérer, lui ont été envoyés le même jour, dans une traduction plus qu’approximative mélangeant Français et Allemand.

Ainsi, sans prêter attention aux dates de ces deux documents, ce que l’on fait habituellement, on pourrait penser que le tribunal allemand a demandé à Valérie de fournir des informations sur ses revenus dans un délai déterminé, que c’est sciemment qu’elle n’a pas respecté ce délai, et qu’en conséquence, c’est à juste titre que le tribunal allemand a fixé d’office une pension alimentaire, puisqu’elle refusait de coopérer.

Or c’est le tribunal allemand lui-même qui n’a volontairement pas respecté le délai qu’il a fixé, se rendant de fait coupable d’un grave délit.

En outre, en lui réclamant des arriérés injustifiés pour une période de mai à décembre 2015, le juge semble avoir purement et simplement repris le calcul fantaisiste de l’avocat de son ex-mari.

Ce n’est pas la première fois que les autorités allemandes se rendent complice de son ex-mari.

En effet, lors du règlement de la succession de sa mère, les enfants de Valérie étaient bénéficiaires d’une somme conséquente. A cette occasion, elle a appris par le juge des affaires familiales français qu’elle a fait intervenir pour protéger les fonds de ses enfants pour que leur père n’y ait pas accès, qu’elle avait été déchue de ses droits parentaux en Allemagne. Il lui a donc fallu prouver au juge français, que ce n’était pas le cas en France, pour obtenir gain de cause, et placer les fonds de ses enfants en France, à leur bénéfice exclusif jusqu’à leur majorité.

Valérie qui habite aussi en Alsace et ne veut pas vivre la même expérience que Lionel Gilberti et d’autres alsaciens, a d’ores et déjà prévenu les autorités françaises de sa situation.

Compte tenu des nombreux précédents avec l’Allemagne en matière de droit de garde, de droits de visite ou de pensions alimentaires que nos élus et nos institutions ne peuvent plus ignorer, espérons que Valérie et sa famille, bénéficieront eux, de la protection de l’Etat français.

Refuser un acte qui n’est pas rédigé dans sa langue

Règlement (CE) n°1393/2007 du Parlement européen et du Conseil du 13 novembre 2007 relatif à la signification et à la notification dans les États membres des actes judiciaires et extrajudiciaires en matière civile ou commerciale (« signification ou notification des actes »), et abrogeant le règlement (CE) n°1348/2000 du Conseil

Un acte peut être refusé dans un délai d’une semaine, s’il n’est pas rédigé ou accompagné d’une traduction dans une langue connue du destinataire ou dans la langue officielle du lieu de la signification ou de la notification.

Le formulaire en langue française à joindre à la lettre de refus se trouve en page 26 et le formulaire en langue allemande en page 20.

Vous avez rêvé, Monsieur le Député

La commission ouverte du barreau de Paris du 22 janvier 2015, (date anniversaire du traité de l’Elysée) a été l’occasion pour Pierre-Yves Le Borgn’, député des Français établis à l’étranger, d’informer les avocats sur « le problème allemand » en matière de droit familial et d’intérêt supérieur de l’enfant.

Si cela était nouveau pour les avocats parisiens présents ce soir-là, les pères et les mères non allemands qui ont perdu leurs enfants n’apprendront rien de plus en regardant la vidéo de cette commission et ils gagneront du temps en visionnant directement les extraits que nous avons sélectionnés.

Il n’y avait donc aucun intérêt pour nous à revenir sur cette rencontre que les intervenants allemands ont su rendre tellement soporifique (non-respect du temps de parole, mensonges, citation de jurisprudence hors sujet…) que le maître de conférences lui-même n’arrivait plus à cacher son ennui et son impatience. En profitant de la courtoisie de leurs hôtes qui n’osaient pas les interrompre, les invitées ont monopolisé la parole, évitant ainsi toute question gênante, tout démenti et un débat qui les aurait mises dans une situation embarrassante. Elles ont, coutume allemande oblige, présenté les allemands comme des pauvres victimes.

Mais en réécoutant l’intervention du député Le Borgn’, nous venons de réaliser que le discours que nos ministres nous servent depuis des décennies prend une toute autre signification lorsqu’il est servi à des parlementaires comme le député Le Borgn’ qui leur rend compte des histoires des centaines de parents qu’il rencontre à sa permanence.

Dans le premier cas, il n’est pas difficile de faire douter Monsieur et Madame Tout le Monde de la sincérité de quelques parents suffisamment obstinés pour obtenir un article dans un quotidien ou un reportage de deux ou trois minutes aux infos régionales. Dans le second on peut supposer que nos ministres pensent que M. Le Borgn’ n’a plus toute sa tête, mais ce qui est plus probable, c’est qu’on lui demande d’oublier cette histoire.

Vous avez rêvé Monsieur le député.

Voilà une réplique qui aurait bien sa place dans un film policier ou… un thriller politique non ?

Extraits que nous avons sélectionnés :

Intervention de M. Pierre-Yves Le Borgn’
Remarques de M. Pierre-Yves Le Borgn’
Intervention de Mme Marinella Colombo