Année : 2014
Combien ça coûte… un enfant ?
Il était une fois des citoyens français qui s’appelaient Nathalie, Pierre, Agnès, Pascal, Olivier, Marie, Alain, Valérie, Patrick, Karine, Cédric, Caroline, Lionel, Gilles, Luc, Antoine … qui ont été pris dans les griffes de la « justice » allemande ou livrés avec leurs enfants à la « justice » et aux autorités administratives allemandes par les tribunaux français.
Tous ces citoyens français ont tenté de démontrer aux autorités judiciaires et administratives françaises qu’ils sont outrancièrement abusés par ce pays.
Ne seront pas ici détailler ces abus qu’il convient de qualifier de fraudes, d’infractions ou de violations des droits fondamentaux (discrimination, atteinte au droit de libre circulation, au droit à la famille, aux droits des enfants, faux en écritures publiques ou privées, falsifications etc.) ; Des actes qui sont peut-être légaux aux yeux des autorités d’un pays qui devra attirer 14 millions d’immigrés en 10 ans s’il ne veut pas disparaître, mais lourdement sanctionnés par les tribunaux de tous les autres pays démocratiques.
Il était une fois des citoyens français, tous confrontés aux mêmes « difficultés », qui ont demandé de l’aide à leur ministre des affaires étrangères, à leur ministre de la justice ou à leur président de la république.
Il était une fois des citoyens français toujours plus nombreux qui étaient depuis vingt ans au moins, au nom du principe de l’indépendance de la justice, abandonné aux mains des autorités allemandes qui les humiliaient, les ruinaient, mais surtout, les privaient de leurs enfants.
Or, un jour de juin 2014, ils apprenaient de la presse que la société BNP-PARIBAS pourrait se voir condamner par la justice des Etats Unis pour avoir contrevenu aux lois de ce pays, à une amende astronomique de plus de sept milliard d’euros.
Dire qu’ils ont été étonnés d’apprendre que François Hollande a volé au secours de la banque en intervenant auprès du président des États-Unis Barack Obama pour demander sa clémence serait un euphémisme.
Il est normal que ce dernier lui ait répondu qu’il n’avait aucun moyen d’intervenir dans une affaire judiciaire, la justice de son pays est indépendante.
D’un côté, la société BNP-PARIBAS, qui avait tous les moyens juridiques pour savoir par avance, qu’il ne fallait pas négocier en dollars avec certains états, se rend coupable d’une grave infraction.
De l’autre côté, des milliers d’enfants binationaux privés de leur parent et de leur famille non allemand par un état partenaire et ami qui use ouvertement depuis vingt ans au moins, de procédés ignobles.
Cela veut-il dire que pour voir nos autorités de tutelle intervenir dans leurs histoires d’enfants binationaux, il faut leur faire comprendre que ces enfants valent au moins 7 milliards d’euros ?
Les allemands, ou tout au moins leurs dirigeants, ont compris depuis des décennies que les enfants avaient une valeur inestimable et que le retour sur investissement l’est tout autant (frais de procédure, avocats des parents, avocats des enfants, experts psychologues, frais de visites surveillées, pensions alimentaires, partage de patrimoine, héritage…).
Etions-nous dans l’erreur ?
Il y a huit ans, on dénonçait déjà cette procédure couramment mise en œuvre outre-Rhin qui consiste à substituer un nom allemand au patronyme des enfants binationaux.
Au besoin, leur acte de naissance était même corrigé de sorte que le parent non allemand n’y figure plus.
C’est cette pratique toujours très en vogue chez nos amis allemands et autrichien qui a sans doute conduit Cristiana Muscardini à demander à la Commission européenne si finalement, ce n’était pas les autres pays membres qui seraient dans l’erreur en y voyant là une violation des Droits de l’Homme.
La question écrite de l’eurodéputée Christiana Muscardini a été publiée le 23 avril 2014 sur le site du Parlement européen. En l’absence d’une traduction officielle en français, nous l’avons-nous-mêmes traduite.
En espérant que la Commission y réponde au cours de la prochaine législature, même si Cristiana Muscardini ne siège plus au Parlement européen.
Question à la Commission avec réponse écrite E-005311-14 du 23/04/2014
Article 117 du règlement
Cristiana Muscardini (ECR)
Objet : Le changement du nom de famille des enfants résidents en Allemagne et en Autriche à l’insu du père d’une d’autre nationalité
En Allemagne et en Autriche, où les pères célibataires ne jouissent pas automatiquement des droits naturels sur leurs enfants comme dans les autres pays de l’Union, Les enfants naturels subissent donc un préjudice et un traitement discriminatoire au regard des enfants nés de couples mariés.
De plus, on a attiré notre attention et on a documenté que dans ces pays, on change le nom de famille des enfants binationaux nés en dehors de l’Allemagne et de l’Autriche ; on remplace donc le nom de famille paternel par le nom de famille maternel à l’insu du père et on modifie les documents d’identité.
Les enfants portent par conséquent un nom de famille dans leur pays natal et un autre en Allemagne ou en Autriche.
La Commission peut-elle nous préciser :
- si elle convient que cette pratique, bien que soutenue par le droit de la famille des deux pays concernés, est une violation du droit à un nom et à une identité personnelle garanti par l’Europe.
- si oui, si elle ne considère pas qu’il est nécessaire de demander aux deux Etats membres concernés d’adhérer aux principes de la non-discrimination et du droit à l’identité personnelle partagé dans toute l’Union, en particulier dans le cas des mineurs ?
Intervention de Pierre-Yves Le Borgn’ au Conseil de l’Europe
Nous avons tout entendu et son contraire à propos de ces médiations. Ont-elles été une réussite ? Ont-elles été un échec ? Ont-elles été supprimées parce que devenues inutiles avec Bruxelles II bis ? Ont-elles été abandonnées parce que les allemands n’en voulaient pas ?… Nous croyons qu’on ne saura jamais.
Ce dont nous sommes sûrs, c’est qu’aujourd’hui, après ce qui s’est passé pour la Commission européenne des pétitions du 1er avril 2014, c’est que les allemands n’accepteront jamais de revoir leur conception de l’intérêt supérieur de l’enfant, si on ne les y contraint pas et si on préfère fermer les yeux sur ces centaines de drames plutôt que de leur faire comprendre une bonne fois pour toute, que l’Europe ce n’est pas l’Allemagne, quitte à ce que cela crée quelques frictions.
Comment peut-on faire confiance à des gens qui pour leurs quelques enfants retenus au Danemark (ce qui est également inacceptable), clament, scandalisés, qu’il y a violation des droits fondamentaux de ces enfants et qui, lorsqu’il s’agit des milliers d’enfants qu’ils retiennent eux-mêmes en otage, brandissent le principe de subsidiarité et la souveraineté nationale pour le droit familial allemand ?
Quant à l’intérêt supérieur de l’enfant, il est effectivement urgent d’en établir une définition (et les conséquences qui en découlent), puisqu’en laissant les pays membres, sur la base de la confiance mutuelle, libres de décider au cas par cas, certains d’entre eux en ont profité pour exploiter cette brêche qui avait été laissée ouverte pour favoriser leurs ressortissants.
Enfin, sans doute pour « faire court », on parle toujours de divorces. Or, il serait beaucoup plus prudent, au vu du droit familial allemand, de la culture et des coutumes de ce pays, de parler de couples séparés, mariés ou non.
Mais il va de soi que quelle que soit la solution, nous serons les premiers à applaudir, si elle nous sort enfin de ce cauchemar.
Le 1er avril 2014, un jour doublement historique
Ca y est, c’est fait. Pendant que François Hollande remaniait son ministère, les pétitionnaires, ou plutôt ceux des pétitionnaires qui ont pu déjouer la stratégie allemande, ont pu s’exprimer devant la Commission fantôme des pétitions.
Mais que racontent-ils encore ?
C’est ce que dirait probablement notre ancien et nouveau ministre des sceaux en lisant ces premières lignes en ajoutant sans doute qu’elle vous l’avait bien dit, preuve à l’appui, que ces « certains parents » perdent la tête.
Mais non Madame Taubira, nous ne perdons pas la tête et « pire », nous résistons !
Un avant-goût de ce qui nous attend.
Pour comprendre, nous vous proposons de revenir aux épisodes précédents. Le 20 mars 2014, quelques 24 pétitionnaires qui attendaient pour certains depuis 4 ans que leur pétitions fussent examinées, virent leur dernier espoir d’être enfin entendus par nos garants européens des droits de l’Homme s’évanouir. Peter Jahr (PPE) venait de demander le retrait de leur pétition de l’ordre du jour de la dernière session de la Commission avant les élections et c’est ce qui fut fait.
Sans l’intervention musclée des eurodéputées italiens et l’appui de notre eurodéputé Philippe Boulland, membre de la Commission des pétitions, les allemands auraient pu, d’un simple claquement de doigt, faire reporter l’examen des pétitions qui leur font ombrage aux calendes grecques.
Ce triste épisode aura pourtant eu deux énormes avantages.
En cette période d’élection où la citoyenneté européenne est d’autant plus à l’honneur que l’Europe a du mal à surmonter une crise dont l’Allemagne est pour beaucoup responsable, cette situation est une belle illustration de ce qui nous attend si nous tous, parents d’enfants otages ou non, nous ne nous préoccupons pas plus de ce qui se passe à Bruxelles.
Nous avons là un bel exemple de ce qui nous attend si aux prochaines élections, nous ne nous précipitons pas tous aux urnes pour dire que nous ne voulons pas d’une Europe germanisée, mais que nous aspirons plus que jamais à une « Union dans la diversité ».
Mais qu’ils en viennent aux faits !
Voilà, voilà. Pas de Commission ? Qu’à cela ne tienne, nous irons quand même à Bruxelles et avec l’aide de nos eurodéputés, nous organiserons une conférence de presse le 1eravril 2014.
C’est court, mais tant pis. Parallèlement, de nombreuses personnes soutenues par les eurodéputés Muscardini et Rinaldi, ont demandé par courrier aux présidents des différents groupes politiques européens d’inscrire à nouveau les pétitions à l’ordre du jour, dans le cadre d’une session extraordinaire à Strasbourg.
La victoire en chantant ?
Non, pas vraiment, mais quand même… Nous attendions, la conférence de presse qui devait commencer à 15 heures, lorsqu’on nous a annoncé que les pétitions contre l’Allemagne venaient d’être réinscrites à l’ordre du jour. Mais, car il y a bien évidemment un « mais », le temps consacré aux pétitionnaires avait été considérablement réduit, au point qu’un droit de parole limité à 3 minutes étendu à 5, après négociations, avait été accordé.
Par ailleurs, beaucoup de pétitionnaires étaient absents puisqu’ils pensaient que tout avait été annulé.
Mais où est passée la Commission ?
Ultime affront, la Commission européenne n’était pas là ! Hormis les allemands Peter Jahr, Reiner Wieland et l’Autrichienne Werthmann, toute la Commission pétitions a présenté ses excuses aux pétitionnaires, a convenu que c’était scandaleux, que toutes les pétitions resteraient ouvertes et qu’un rapport sera transmis.
Mais qui dit conférence de presse dit média non ?
Heu… oui, c’est vrai. D’ailleurs Philippe Boulland a sur ce point encore précisé qu’il fallait « mettre le paquet ». On n’est pas encore au point dans ce domaine, on finira bien par y arriver. Mais si Hollande nous a volé la vedette, il y avait quand même quelques journalistes que nous remercions de croire avec nous que c’est l’Europe de nos enfants que nous construisons.
Côté Français, Françoise Schöller et son équipe étaient présentes. Elle est toujours là où il faut et quand il faut. C’est à croire qu’elle trouve ces « certains parents » plutôt intéressants et que Madame Taubira ne lui a pas encore transmis ses statistiques. On aura donc très certainement un bon reportage au JT de France 3 et peut-être sur France 2 aussi.
Il y avait aussi M6, mais là, nous ne somme sûr de rien. Les français gaulois que nous sommes restent d’irréductibles individualistes. Reste à espérer que l’émission qui en résultera sera profitable à tous.
Côté italiens, Les journalistes du ‘Il Patto Sociale’ ont également couvert l’évènement.
Bon, mais cette journée a-t-elle été positive ?
Franchement, ouais. On a fini la soirée en fêtant le doctorat en tutelle, droits et protection des enfants de Marinella.
Mais plus sérieusement, nous pensons que même si nous n’avons pas encore gagné, nous avons encore marqué quelques points.
Intervention de l’eurodéputée Cristiana Muscardini en session plénière au Parlement Européen
Monsieur le Président,
Chers collègues,
Il est paradoxal qu’en 2014 on doive encore parler de la non mise en œuvre, et de la part d’Etats membres de l’Union, de ces valeurs de démocratie et d’Etat de droit qui auraient dû constituer le fondement de l’intégration européenne. Les lacunes existantes sont encore nombreuses : en Italie il existe toujours des prisons où sont enfermés des milliers de détenus dans des conditions inhumaines.
En Allemagne, dans la grande Allemagne, il existe toujours des établissements comme le Jugendamt aux dépens de la liberté et des droits des enfants de couples binationaux et des droits des deux parents. L’Europe a ouvert les frontières aux marchandises, mais certains pays les ont fermées pour les mineurs.
Peu de pays ont souscrit à la Convention d’Istanbul contre la violence à l’égard des femmes, des mineurs et des personnes âgées ; et les Etats n’ont pas tous accepté de demander à leurs agents de police d’utiliser des numéros d’identification. Nombreuses sont les questions ouvertes en termes de droits civils, de protection des réfugiés et de liberté d’expression. Au-delà de nos frontières, des hommes et des femmes combattent pour avoir ces droits qui leur ont été niés et en Europe aussi il devient toujours plus nécessaire de garantir qu’on ne doive plus négocier pour les droits fondamentaux et il faut aussi une Charte Commune des Droits des Institutions envers les citoyens et des citoyens envers les Institutions.
Ce qu’Allemagne veut, UE veut…
Jeudi 20 mars 2014 au soir, 24 pétitionnaires, parents d’enfants otages de l’Allemagne, ont appris par courriel, sans aucune explication, que la Commission des pétitions qui devait se réunir le 1er avril 2014, venait d’être annulée à la demande d’un eurodéputé allemand, Peter Jahr.
Jeudi 20 mars au soir, de nombreux parents d’enfants otages et leurs proches qui s’étaient mobilisés à la demande de leurs eurodéputés respectifs ont dû ajouter à leur peine et à leur désespoir, la colère d’avoir perdu plusieurs centaines d’euros qu’ils ont dépensés pour payer leur billet de train ou d’avion et leur chambre d’hôtel.
Cristiana Muscardini et Philippe Boulland ont immédiatement exprimé stupeur, indignation et colère.
Communiqué de Philippe Boulland :
Combien faudra-t-il de drames humains pour parler des divorces binationaux en Allemagne
Imaginez la situation. La Commission des Pétitions (PETI) discute depuis plusieurs réunions des conséquences des divorces en Europe. Le Danemark, le Royaume-Uni, l’Espagne, la France, etc sont concernés. La Commission PETI se prépare à discuter le 1er avril prochain du sujet qui concerne l’Allemagne. Des parents sont prévenus. Ils n’ont pour certain plus aucun autre recours que de venir à Bruxelles pour parler de leur calvaire. L’Allemagne est le pays qui pose justement le plus de problème en Europe en matière de divorce. Pourtant, ce débat n’aura pas lieu.
La délégation allemande a réussi à supprimer ce sujet de l’ordre du jour grâce aux coordinateurs PPE, Socialiste et ADLE.
J’apprends donc, à mon retour d’une mission à Madagascar, avec stupeur et indignation, l’annulation pure et simple des débats autour du Jugendamt (Office allemand de protection de la jeunesse) qui devaient se tenir en commission des Pétitions. Cette décision prive de très nombreux parents, et indirectement des enfants, de la parole, alors que c’est souvent la seule chose qui leur reste.
La question du divorce et des droits de l’enfant a été évoquée au Parlement européen pour de nombreux pays, mais bizarrement, on n’a pas le droit de parler de l’Allemagne. Pourtant, c’est l’État européen avec lequel nous rencontrons le plus de problèmes.
En choisissant les pays dont on a le droit de discuter, on discrédite le rôle du Parlement européen. En cette année européenne de la citoyenneté, cela risque de faire le jeu du populisme. Je condamne cette décision qui revient à dire qu’il existe deux poids, deux mesures, pour les citoyens européens et que ceux-ci ne sont pas égaux pour parler de leurs problèmes.
Une délégation du Parlement dont j’ai fais parti, s’était rendue à Berlin en novembre 2011. Cette mission nous avait permis de comprendre les fondements du problème. Depuis, plusieurs centaines de pétitions nous sont parvenues. Mais rien n’a changé! Combien faudra-t-il de drames humains pour en parler ?
Communiqué de Cristiana Muscardini :
Jugendamt, Muscardini : le honteux report allemand des pétitions contre le Jugendamt
Bruxelles, 20 mars 2014
Le honteux « NON » du coordonnateur allemand Jahr du PPE (Parti Populaire Européen), dans la Commission des pétitions, a fait sauter la discussion des 24 pétitions portant sur le Jugendamt, prévue le 1er avril – a déclaré Cristiana Muscardini, vice-présidente de la Commission du commerce international au Parlement Européen. « Tout cela, malgré l’effort de la présidente Mazzoni, ainsi que des députés, Roberta Angelilli, Niccolò Rinaldi et Patrizia Toia, qui, tout comme moi, se battent depuis des années, pour empêcher les discriminations faites en Allemagne par le Jugendamt, contre les parents d’origine non-allemande et au détriment des enfants. À présent, des milliers de citoyens européens, ayant signé les pétitions afin de redonner à des mères et pères la possibilité de revoir leurs enfants, risquent de ne pas recevoir une réponse exacte et ceci jusqu’à une prochaine législature. L’Allemagne refuse une fois de plus la confrontation et accepte la présence sur son territoire des mesures discriminatoires contre les parents provenant d’autres pays européens, en condamnant ainsi les enfants, issus de couples binationaux, à vivre exclusivement en Allemagne, privés de l’affection et de la présence de l’autre parent ».
Traduit de l’Italien par Ramona Leahu
Affaire Soléa
La cour d’appel d’Aix-en-Provence a rendu sa décision.
« … car je suis au regret de vous informer que la justice française n’a pas tranché aujourd’hui 18 février 2014 en faveur de l’intérêt supérieur de cet enfant de nationalité française et qui a été envoyé en Allemagne le 26 septembre dernier tel un vulgaire paquet et qui a crié haut et fort, sur un procès verbal, son refus de partir en Allemagne… »
Cédric Laurent
Voir l’histoire de Soléa Laurent, une petite fille de 6 ans.
Soléa Laurent 6 ans, enlevée par sa mère allemande
Article de Olivier Renault, publié le 10/12/2013 dans La voix de la Russie
Le 26 septembre 2013, les gendarmes de la brigade des Baux-de-Provence, sans attendre la décision de la Cour d’appel du 19 décembre, ont remis de force Soléa à sa mère allemande spécialement venue d’Allemagne. Cédric Laurent, 39 ans, le père de la petite fille, avait informé très tôt la justice du danger de remettre l’enfant à sa mère. Celle-ci, contrairement au jugement français initial qui mentionne une adresse française, vit dans son pays d’origine. Cédric Laurent n’a pas été entendu ni par la justice ni par la gendarmerie. Même la requête du 9 août 2013 de son avocat au procureur Pons, demandant d’attendre la décision de la Cour d’appel du 19 décembre et de ne surtout pas remettre l’enfant à l’Allemagne, n’a pas eu le moindre effet sur le procureur français. L’avocat avait écrit : « car connaissant la mauvaise volonté des autorités allemandes à ne pas reconnaître les décisions françaises, Cédric Laurent ne pourra plus revoir sa fille… ». Soléa, 6 ans, a disparu outre-Rhin.
Menaces. Le Tribunal de Grande Instance de Tarascon avait tranché en juillet 2011 et décidé des droits de visites et de vacances de l’enfant avec son père en France, non loin du domicile français de la maman. Cédric Laurent, qui a le droit de visite, ne voit plus sa fille et ne peut plus lui parler. « Je viens de recevoir une lettre écrite par la mère disant que ma fille ne veut pas me parler, qu’elle a peur de moi. Hier, je viens même de recevoir une plainte pour diffamation de la mère pour l’article paru dans la Provence relatant le rapt de ma fille ». Il faut, par la force et la menace, empêcher de dire de quelle manière l’Allemagne avec sa justice actuelle garde les enfants et ne pas révéler au public français l’ampleur des rapts d’enfants. Une technique connue par de nombreux parents français.
Planification du rapt. La future maman allemande vit et travaille en France depuis 2005. Adriana M. parle couramment le français. Le couple vit depuis l’été 2005 à Cunlhat, dans le Puy de Dôme (63). Le 9 janvier 2007, Soléa vient au monde à la maternité de Beaumont (63). Adriana M. déclare Soléa Laurent comme nom destiné à l’enregistrement de l’acte de naissance et reconnaît Cédric Laurent comme étant le père. Soléa Laurent obtient un acte de naissance français sur lequel figure l’identité de son père et de sa mère, date et lieu de naissance et une pièce d’identité française au nom de Soléa Laurent. Le couple vit ensemble de 2005 à 2007 à Cunlhat (63) et de 2007 à 2011 à Paradou en Provence (13). En 2011 le couple qui n’est pas marié se sépare et passe au tribunal de Tarascon le 28 juin 2011.
Le 26 juillet 2011, le jugement du TGI de Tarascon donne, avec l’accord du père, la résidence de Soléa Laurent à la mère au domicile français (Paradou), là ou Soléa a grandi. La villa, qui, est baptisée en son nom, se trouve à 6 kilomètres du domicile du père. La décision du 26 juillet stipule les droits de visites et les vacances avec le père. Mais trois mois avant le jugement français, profitant de vacances en Allemagne, Adriana M. avait contacté en mai 2011 le Jugendamt pour demander l’exclusivité de la garde parentale de Soléa et une pension alimentaire à Cédric Laurent. Adriana M. évita de déclarer son action au TGI de Tarascon. (Cédric Laurent et la justice en seront informés en 2012).
Juste après la décision du jugement du 26 juillet 2011, Adriana M. quitte la France et retourne en Allemagne avec l’enfant. « J’ai besoin de voir ma famille pendant les vacances scolaires et de prendre du recul avec Soléa », dit la mère au père.
Disparition en Allemagne. A partir de juillet 2011, Adriana M. reste en Allemagne avec l’enfant mais revient du 26 octobre au 2 novembre 2012 chez le père pour gagner du temps dans sa procédure en Allemagne. « Elle disait être venue pour passer un entretien et rester travailler en France. Son travail devait commencer en 2013. Elle est repartie le 2 novembre 2012 en Allemagne pour régler ses affaires. Mais elle ne reviendra pas », explique Cédric Laurent. « De février 2012 à mai 2012, j’étais à Berlin pour parler et raisonner la mère. Durant mon séjour en Allemagne, j’ai vu ma fille dans des conditions difficiles, seulement chez sa mère après avoir obtenu son autorisation. Jamais Adriana M. ne m’a laissé un week-end ouquelques jours seuls avec ma fille. Je devais presque trois fois par mois parcourir 700 km aller retour pour voir la voir à Garbsen ».
De retour en France, Cédric Laurent dépose une plainte pour escroquerie du jugement du 26 juillet 2011 : « Nous avons obtenu la preuve que dès mai 2011, la mère a demandé au Jugendamt de lui attribuer la garde exclusive et le lieu de résidence de Soléa en Allemagne alors que lors du jugement, la mère a dit vivre en France à six kilomètres de chez moi. C’est la preuve que la mère avait déjà prévu le rapt de ma fille. »
Un gendarme prend l’enfant. En Juillet 2013, Cédric Laurent fait appliquer son droit de garde en revenant avec Soléa en France et elle est en vacances chez son père, comme le dit le jugement du 26 juillet 2011. « La mère dépose une plainte en Allemagne et en France pour non présentation et enlèvement d’enfant le 8 août 2013alors que le jugement de 2011 m’octroie le droit de garde pendant tout le mois d’août. La mèreétait d’accordmais m’assigne pour enlèvement d’enfant en utilisant une convention internationale acquise par fraude. N’ayant aucun certificat rendant le jugement applicable en Allemagne, la mère a également trompé le juge de Tarascon en 2011.La mère s’appuie sur les conclusions de son avocate de l’époque et ne fait pas de changement d’adresse auprès des greffes et organisme sociaux. »
Le 16 août, le tribunal convoque le père pour qu’il donne l’enfant à la mère. Sur le champ, Cédric Laurent demande une OST (opposition de territoire) à la sous-préfecture d’Arles du 9 août au 23 août 2013. L’audience qui doit statuer sur le retour ou pas de l’enfant est remise au 26 septembre 2013. « La mèrea violé une fois de plus la législation française pour non respect du contradictoire. L’audience est donc remise au 26 septembre ». Cédric Laurent : « J’avais la possibilité de demander une IST (Interdiction de sortie de territoire) mais il fallait 2 mois et 10 jours pour faire la demande, ce que la loi française demande quand la personne à stopper est étrangère. Au lieu d’avoir l’IST le 26 septembre 2013, le juge a décidé de renvoyer l’audience de Marseille au 24 octobre pour une nouvelle faute de procédure car la mère n’a pas saisi la collégiale de juge et le procureur. Le substitut Mme Mourges donne l’ordre à la gendarmerie des Baux-en-Provence de remettre immédiatement ma fille à la mère sur le parking de la gendarmerie à 21h du soir. »
Cédric Laurent explique la scène du parking : « Ce jour là, Soléa était chez mon amie Lorane. La veille, ma fille avait subi un vaccin de rappel obligatoire pour l’école et était de repos toute la journée. Les gendarmes m’ont escorté comme un criminel chez mon amie. Mon frère conduisait le véhicule car je ne pouvais plus réagir. J’étais anéanti par ce qui était en train de se passer. A plusieurs reprises, je suis descendu du véhicule et j’ai supplié le chef B. de me laisser jusqu’au lendemain pour préparer ma fille à un départ moins traumatisant. Soléa était au CP à l’école avec tous ses amis. Elle avait un très bon équilibre. Je voulais qu’elle passe par sa maison, embrasse ses grands-parents, prennent ces affaires. Le chef B. n’a rien voulu entendre et il m’a repris ma petite fille comme un vulgaire paquet sur un parking de gendarmerie à 21h du soir ! Je suis indigné de la façon dont nous avons été traités ma fille et moi ! Ce gendarme m’a arraché ma fille alors qu’aucun jugement n’avait statué sur ce point d’éloignement et que nous étions face à la procédure pendante d’Aix-en-Provence. »
Interdiction de sortir d’Allemagne ! Cédric Laurent explique qu’un accord oral avait été fait entre le vice-procureur et son avocat pour attendre la décision de la Cour d’appel du 19 décembre « pour une bonne administration de la justice française », dit-il.Depuis le 26 septembre, je n’ai plus de nouvelles de ma fille. Je ne peux pas téléphoner ou rendre visiteà Soléa en Allemagne car entre temps, l’avocat allemand de la mère a demandé au Jugendamt, tout en saisissant le tribunal de Neustadt, de donner la garde parentale unique à la mère et d’interdire toutes les visites prévues par le jugement français de juillet 2011 ! Plus grave encore l’avocat allemand demande d’interdire le retour de Soléa en France sous peine de fortes amendes et de prison. Une fois de plus, nous ne passerons pas Noël avec Soléa. »
L’avocate allemande du père français, jointe par téléphone à Berlin, est confiante. « Le juge allemand ne comprend pas la demande urgente de la mère et explique qu’il faut attendre la décision de la Cour d’appel en France du 19 décembre. »
Soutien des élus. La Cour d’appel d’Aix-en-Provence doit trancher ce 19 décembre sur une grave erreur de justice française. Avec ce nouveau cas d’enfant français enlevé par un parent allemand, allons-nous voir la justice française donner d’autres décisions dans les cas de divorces et séparations franco-allemands permettant de défendre correctement les enfants et parents français ? La sénatrice Joëlle Garriaud-Maylam et le député Pierre Yves Le Borgn’ ont été sensibilisés au dossier. Joëlle Garriaud-Maylam s’engage à avertir la presse, la justice, les politiques sur la gravité de cette situation.
Confiance en la France. Cédric dit, malgré tout et même si des erreurs ont été commises par les autorités de son pays et vis-à-vis de sa fille, de ne pas avoir eu de vigilance notamment sur le déplacement de Soléa en Allemagne, placer tous ses espoirs dans les conseillers et juges de la Cour d’appel, qui reste son seul espoir de revoir sa fille en France. »Je pensais et pense toujours que mon pays doit protéger ma fille née en France où elle a tous ses repères, ses racines, sa famille paternelle auprès de laquelle elle a grandi car je ne peux pas imaginer un seul instant que le sort de ma fille soit aujourd’hui décidé par la justice allemande. »
Les opinions exprimées dans ce contenu n’engagent que la responsabilité de l’auteur
Les divorces créent l’Europe de la défiance (Le Monde)
Trois parlementaires issus de trois assemblées et de formations politiques différentes s’associent pour défendre des valeurs universelles et dénoncer des faits précis. Qu’il soit porté par des parlementaires français ou italiens, le message reste le même et c’est encourageant.
Article paru le 23/01/2014 dans Le Monde
Les divorces créent l’Europe de la défiance
L’Europe doit se saisir de la question du divorce, trop peu d’harmonisation existe entre pays membre et des situations kafkaïennes naissent de ce vide, expliquent trois parlementaires.
En Europe, 13 % des couples sont binationaux. La libre circulation favorise les rencontres, à commencer par le programme Erasmus, si bien conté dans les films « L’auberge espagnole » et « Les poupées russes ». Mais si l’amour est européen, la rupture ou le divorce, eux, le sont beaucoup moins.
À moins de l’avoir vécu, personne ne peut en effet s’imaginer vers quels drames peuvent mener un divorce transnational. Personne ne peut imaginer qu’en ce début de XXIe siècle, à cause d’un divorce, vous puissiez ne plus voir vos enfants, être jeté en prison, être ruiné, être abandonné.
Il faut d’abord surmonter l’obstacle du conflit de juridiction. L’on voudrait imaginer que les justices entre États membres se mettent d’accord et se basent sur la référence du dernier lieu de résidence ou la nationalité des personnes. Dans les faits, les États défendent le plus souvent leurs ressortissants et l’on assiste à une course où le premier qui saisit le juge de son pays aura gagné!
HEURTER LES LÉGISLATIONS FAMILIALES NATIONALES
Cependant grâce au règlement européen de Rome III, entré en vigueur dans certains États membres de l’Union, il est désormais possible au moment du mariage de choisir la juridiction de son divorce, évitant ainsi ces insupportables années de procédures. Encore faut-il être informé de son existence et des enjeux du divorce transfrontière…
Une fois la compétence d’un tribunal national établie, encore faut-il pouvoir imposer les décisions de justice susceptibles d’heurter les législations familiales nationales. Personne ne peut imaginer que le Danemark ne reconnaisse pas les décisions en matière de responsabilité parentale et cautionne ainsi de facto l’enlèvement par l’un de ses ressortissants de ses enfants élevés dans un autre pays.
Personne ne peut imaginer que la législation allemande permette, de facto là aussi, de légaliser l’enlèvement de son enfant, en accusant son ex-conjoint d’avoir caressé « l’intention » de l’enlever. C’est au parent ainsi accusé qu’il revient de prouver qu’il n’a pas souhaité enlever son enfant.
DES PROCÉDURES SANS FIN
Cela représente des mois voire des années de procédures kafkaïennes durant lesquelles l’on n’autorise pas ce parent à revoir ses enfants par crainte d’enlèvement. Peu de parents réussissent à aller au bout de ces procédures sans fin, extrêmement coûteuses, pour lesquelles ils sont souvent privés d’aide juridictionnelle.
Personne ne peut imaginer qu’après avoir réussi à prouver son innocence, le parent ayant récupéré le droit de visite ou de garde, se heurtera dans la pratique à l’hostilité de l’influent Jugendamt (office allemand de protection de la jeunesse), qui peut se permettre sans grand mal de ne pas appliquer les décisions de justice.
Où est l’Europe dans tout cela? Nulle part, puisqu’il s’agit de questions administratives et judiciaires entre États, échappant à sa compétence. L’Europe est à ce point impuissante que l’on peut être poursuivi par un mandat d’arrêt européen pour une question de pension alimentaire et jeté en prison. Le mandat d’arrêt européen, créé pour lutter contre la grande criminalité, s’en est trouvé dévoyé.
RESSUSCITER LA COMMISSION PARLEMENTAIRE
Ces situations se comptent par centaines dans les documents reçus par la Commission des pétitions du parlement européen. Nous sommes trop souvent interpellés par des parents brisés, minés par le désespoir, l’injustice, l’attente et la ruine. Nous n’avons de cesse d’attirer l’attention de toutes les autorités, européennes comme nationales. En vain. « Circulez, il n’y a rien à voir » n’est plus une réponse acceptable. Ce sont des vies d’enfants et de parents bousillées parce qu’il n’y a jamais de responsable.
À quand une définition européenne de l’intérêt supérieur de l’enfant ? Pourquoi, entre Allemands et Français, ne pas ressusciter la commission parlementaire de médiation qui avait été mise en place par les gouvernements Schröder et Jospin entre 1999 et 2002 et qui avait obtenu des résultats appréciables ?
Pourquoi ne pas, à quelques États volontaires, rapprocher nos droits du divorce et de l’autorité parentale ? Pourquoi ne pas organiser chaque année des assises européennes des professionnels de la famille, où administrations, travailleurs sociaux, juges et avocats partageraient enfin leurs expériences ?
Il n’est pas fréquent pour trois parlementaires issus de trois assemblées et de formations politiques différentes, de s’associer dans une tribune. Nous le faisons pour défendre des valeurs universelles et dénoncer des faits précis. Nous n’entendons donner aucune leçon.
Chaque pays doit faire des progrès, y compris le nôtre et la citoyenneté européenne ne pourra progresser qu’à ce prix. Mais chaque relation parent-enfant compte. Humanisons les procédures et évacuons le sentiment d’abandon des parents et des enfants, otages aux mains de l’injustice, celle parfois, de leur propre pays.
Philippe Boulland (député UMP-PPE au Parlement européen)
Joëlle Garriaud-Maylam (sénatrice UMP des Français de l’étranger)
Pierre-Yves Le Borgn’ (député PS des Français de l’étranger)