Communiqué de Nicolò Rinaldi (député européen italien) du 18/12/2013
Dans la prison de San Vittore, à Milan, se trouve Olivier Karrer, fondateur du Ceed (Conseil européen des enfants du divorce), une association de parents et de grands-parents, victimes d’enlèvements internationaux d’enfants, qui pendant les dernières années, a dénoncé les abus des conventions européennes mises en œuvre par le Jugendamt – administration publique allemande qui intervient dans les procès de divorce des couples ayant des enfants mineurs, et notamment dans le cas des couples binationaux. C’est lui qui m’a écrit une longue lettre, il y a quelques semaines, et j’irai le rencontrer avec Cristiana Muscardini.
Son cas est l’énième épisode impliquant l’institution allemande, mieux dite troisième parent qui donne la priorité aux origines allemandes de l’enfant au détriment de son vrai bien-être, en faisant de telle sorte qu’aucun mineur ne quitte l’Allemagne et que la garde exclusive ne soit jamais attribuée au parent étranger, empêchant ainsi tout rapport de ce dernier avec ses enfants. Olivier a été arrêté dans le cadre de l’enquête menée par le Parquet de Milan sur le cas de Marinella Colombo. En effet, en commençant la grève de la faim, il a accusé les institutions italiennes d’être de simples exécutrices des volontés allemandes et de persécuter des parents innocents au nom du gouvernement allemand en tissant un véritable complot et en construisant de fausses accusations basées sur des témoignages frauduleux recueillis par le Parquet de Munich sans le moindre élément de preuve et sans aucune vérification. Le seul but étant de faire paraître le Ceed une association hors la loi.
Il s’agit d’histoires scandaleuses qui méritent l’attention de l’opinion publique et des médias, car des citoyens français, italiens, américains, allemands, polonais et libanais y sont impliqués. Dans le cas d’Olivier Karrer en particulier, les investigations du Parquet de Milan ont été démarrées en mars 2011, lorsque Marinella Colombo a été arrêtée pour soustraction de mineurs. Selon l’accusation, elle était sur le point de s’enfuir avec ses enfants, Leonardo et Nicolò, au Liban. Le tribunal s’est basé sur des interceptions dont les traductions ont été contestées par les avocats de la défense. Quant à Karrer, ce dernier a été accusé pour avoir reçu de l’argent de la part de Colombo afin d’organiser la fuite. La preuve? Le témoignage d’une citoyenne allemande, Nicole Kaendler, qui affirme sous serment, ne pas connaître Marinella, mais avoir reçu de sa part un message disant qu’elle aurait payé Karrer. La femme n’a jamais montré ce message, mais peu importe : Karrer, ainsi que trois autres personnes, sont en prison.
Nous essayons de porter ce thème à l’attention des institutions européennes et italiennes depuis un bon moment. Nous avons présenté de nombreuses fois cette question en interrogeant la Commission européenne à ce sujet. Malheureusement, jusqu’à présent, nous avons toujours eu une approche prudente et légaliste, ce qui n’est plus crédible. D’un côté, parce que l’Allemagne est un grand pays et d’un autre côté parce que le droit de la famille est une compétence des états membres. Notre engagement à l’égard de ces cas sera toujours plus constant. Il semble pourtant que toutes les histoires inhérentes au Jugendamt mettent en relief un type de langage que l’on ne devrait plus entendre et, à chaque fois que nous essayons de proposer ce débat à l’opinion publique nous nous sommes toujours heurtés aux réactions des autorités allemandes, tant que l’année dernière une rencontre au Parlement de Strasbourg a été même mise en discussion.
Nous savons que le problème existe. Il n’est pas limité aux expériences particulières et nous voulons le résoudre. C’est pour cela que je souhaite réussir à ouvrir bientôt le débat national sur ce thème afin que toutes les personnes impliquées racontent leurs histoires douloureuses et complexes qui ne peuvent pas nous laisser indifférents. La question du Jugendamt génère une véritable situation paradoxale dans laquelle les citoyens européens se trouvent à la merci des outrages arbitraires des gouvernements nationaux. Un tableau d’une « Non-Europe » qui constitue également une arme facile pour ceux qui désapprouvent l’Union européenne.
Traduit de l’Italien par Ramona Leahu