3 raisons de regarder le documentaire « Déchirures de familles »

Article de Sophie Gueffier, publié le 24/05/2019 sur le site France 3 – Grand Est

Lors d’un divorce qui implique un parent allemand, la justice lui accorde toujours la garde des enfants. Ce qui s’apparente à un scandale, soulève des questions sur l’Union Européenne. Déchirures de familles tente d’y répondre. Voici 3 bonnes raisons de le regarder, lundi 27 mai, après le Soir3.

La déchirure des enfants issus de couples binationaux divorcés. © France Télévisions / 2 Caps Production

Pense-t-on aux difficultés d’un divorce lorsque l’on construit sa vie avec une être cher? Pense-t-on que la frontière, même abolie par les accords de Schengen, puisse devenir une difficulté supplémentaire en cas de divorce? Imagine-t-on que notre situation familiale puisse devenir le jouet d’une institution ?

Alors que les élections européennes battent leur plein, est-il concevable que l’Union ne protège pas égalitairement les droits parentaux des citoyens divorcés ?

Voici trois bonnes raisons de regarder le documentaire « Déchirures de familles » de Françoise Schöller et Christophe Busché diffusé ce lundi 27 mai après le Soir 3.

1 – Compatir au chagrin des parents.

C’est au travers des témoignages de Séverine, Christophe et Joseph que nous découvrons l’injustice de leurs situations. Leurs parcours, pourtant différents, suivent le même schéma: une rencontre amoureuse avec un ou une allemande, le désir d’enfant, la vie commune et la rupture. Avec pudeur et discrétion, nous pénétrons dans l’intimité de chacun, pour découvrir le vide laissé par l’absence de leur enfant.

Joseph n’a pas le courage de retirer la petite maison qu’il a construit pour sa fille. © France Télévisions / 2 Caps production

Ainsi Joseph a calfeutré la chambre de sa fille. Il a tout laissé en l’état, rien n’a bougé depuis la dernière fois où elle s’y trouvait. La jolie cabane qu’il a confectionnée de se mains ne voit plus passer son unique habitante.

“Ça fait sept mois que je n’ai pas vu ma fille. J’espère qu’elle va revenir de temps en temps chez Papa. Je reste son papa. – Joseph, de Hilsprich en Moselle”.

Ce qu’ils ont en commun ces trois parents, c’est leur force et leur courage. Leur capacité à mettre leurs propres vies entre parenthèses pour faire valoir leur droit fondamental à voir et à vivre avec leurs enfants. Car c’est un combat de tous les jours qu’ils mènent contre les institutions allemandes, dans l’indifférence générale.

“J’ai l’impression d’avoir perdu ma vie depuis huit ans. – Christophe, de Forbach en Moselle”.

2 – Tenter de comprendre un système qui nous dépasse.

Séverine et ses parents sont encore sous le choc que leur a fait subir la justice allemande.

“C’est inimaginable que le premier pays européen agisse comme ça. – Monique Breit, grand-mère de Raphaël, de Kerbach en Moselle”.

Leur histoire est révoltante. Raphaël est scolarisé dans l’école de leur village mosellan. La maman, française reçoit une convocation de la justice allemande. Elle doit se présenter avec son fils, le jour même de ses cinq ans. À l’issue d’une audience, qu’elle juge, pliée d’avance, on lui retire son fils « sur siège », c’est-à-dire immédiatement. L’enfant, arrivé au tribunal avec sa mère française, en repart avec son père allemand. La violence d’une telle situation reste un traumatisme pour l’ensemble de la famille française.

Raphaël, arrivé de France avec sa maman et son petit sac à dos, a quitté le tribunal allemand avec son papa. © France télévision / 2 Caps Production

Si elle veut conserver son droit de garde, la justice allemande oblige Séverine à résider en Allemagne.

La justice allemande n’est pas à une contradiction près. Une juge aux affaires familiales explique: « Il faut bien réfléchir avant de changer le lieu de résidence d’un enfant ».

“Notre principe de base et celui de la continuité: si l’enfant a vécu longtemps en Allemagne, il est préférable qu’il y reste. – Katrin Reck, juge aux affaires familiales au tribunal d’Offenburg en Allemagne”

Pourtant le petit Raphaël était bien scolarisé en France…

L’avocat Grégory Thuan dit Dieudonné évoque « des constantes dans ces affaires: une certaine mauvaise foi de la part des autorités allemandes dans la gestion des dossiers: par exemple les délais extrêmement courts, ou encore le manque de traduction des documents de justice » , délais et traductions manquantes qui laissent les parents français démunis face à un système qui les dépasse.

Et le système judiciaire allemand se sent d’autant plus légitime dans ses choix, qu’elle est conseillée par une autre institution fédérale forte: le Jugendamt. L’administration en charge de la protection de l’enfance. Un journaliste allemand, qui a pu assister à des entretiens entre les agents du Jugendamt et des parents étrangers affirme que « leurs déroulements étaient à la limite de l’indigne: on maltraite les parents non allemands ».

Une histoire de pot de terre contre le pot de fer.

3 – Reprendre confiance dans les institutions.

L’avocat poursuit:

“Ça remet en cause le principe de confiance mutuelle, fondamental dans la construction européenne. – Grégory Thuan dit Dieudonné, avocat”.

Séverine a choisi de se battre, de témoigner devant une commission du Parlement Européen. À ses côtés, le député Edouard Martin réclame à l’Allemagne un état des lieux des cas de divorces binationaux afin d’évaluer « le nombre de parents non allemands qui ont obtenu gain de cause ». En vain.

Pourtant, le 28 novembre 2018, la résolution sur le rôle des judendamt dans les litiges familiaux est votée.

“Le parlement européen a dénoncé avec force les multiples dysfonctionnements (…), a rappelé à l’Allemagne ses obligations internationales, a rappelé le rôle d’assistance et de protection que les autorités consulaires peuvent jouer auprès des parents. – Grégory Thuan dit Dieudonné, avocat”.

Joseph, lui, va se rendre à toutes les visites accordées, sous l’autorité du Jugendamt. Même si elles sont compliquées par la présence des psychologues. Quant à Christophe, il a été contraint d’accepter un traitement médical pour son fils et n’a qu’une hâte: que celui-ci soit majeur et qu’enfin, il soit libre de venir le retrouver.

Christophe : « on se dit que le cauchemar va s’arrêter un jour ». © France Télévisions / 2 Caps Production

Elections européennes, « Certains d’entre nous changent les plans »

A l’occasion des élections européennes du 26 mai, le Parlement européen a publié la vidéo suivante sur youtube.

Les enfants y sont utilisés pour encourager les électeurs à voter pour des partis en faveur de l’Union européenne, avec cette mauvaise habitude de leur faire dire ce que les adultes veulent entendre.

Les associations qui luttent depuis des années pour les droits des enfants binationaux et non allemands en Allemagne, qui sont systématiquement privés de leurs parents (ou du moins de leur parent non allemand), considèrent qu’on devrait corriger ces déclarations (pour cela le texte a été modifié).

Manifeste des enfants français

L’association Enfants Otages, en collaboration avec le « sportello Jugendamt » de l’association italienne C.S.IN. Onlus, avait demandé aux candidats aux élections européennes du 26 mai 2019, de s’engager publiquement à défendre la cause des enfants retenus en otages en Allemagne, en signant le manifeste des enfants.

Nous avions invité chacun de ceux qui nous lisaient à reprendre le texte ci-dessus et à l’envoyer à tous les candidats de tous les partis et groupes politiques, sans oublier de nous adresser cette demande d’engagement public en copie, à l’adresse courriel euro2019@enfants-otages.eu

La décision de chaque candidat de s’engager ou non pour cette cause juste, pour la défense concrète des enfants privés de leur parent non allemand, sera donc publique.

En procédant ainsi, on défendra aussi l’intérêt national : le flux inimaginable d’argent vers les caisses allemands sera stoppé et un signal clair pourra être donné à l’Allemagne et à l’Europe quant à la dignité retrouvée de notre pays et de ses représentants.


MANIFESTE DES ENFANTS FRANCAIS

Les milliers de parents français d’enfants binationaux, ainsi que tous les parents français d’enfants enlevés par les administrations allemandes de manière « deutsch-legal », soutiendront et soutiendront uniquement les candidats aux prochaines élections qui incluront les points exposés plus bas après quelques explications.

La République fédérale d’Allemagne s’est organisée pour enlever, notamment grâce à la réglementation européenne en vigueur, tous les enfants qui séjournent au moins six mois sur le territoire allemand.

Bien que la législation européenne prévoit la reconnaissance des décisions des tribunaux rendues dans un État de l’UE par tous les autre État membres, les codes de procédure allemands permettent à l’Allemagne de ne pas reconnaître les décisions d’autres États et notamment celles de l’État français.

Toutes les conventions et tous les règlements proclament la volonté des États membres de protéger le « bien de l’enfant« . Ce concept n’est pas défini légalement et a donc la signification suivante en Allemagne :

  • l’enfant ne doit en aucun cas quitter la juridiction allemande et doit grandir en Allemagne;
  • en cas de séparation, le parent non allemand perd la garde et l’autorité parentale à plus ou moins long terme;
  • parler une langue autre que l’allemand perturberait son développement, il ne devrait donc parler que l’allemand.

Les conséquences sont dévastatrices et créent des milliers d’orphelins de parents vivants.

Rien qu’en 2016, l’État allemand, à travers de son Jugendamt (Administration de la jeunesse, partie prenante dans toutes les procédures et troisième parent de tous les enfants résidants en Allemagne), a pris en charge 84 230 enfants, dont 60 869 avec au moins un parent non allemand (sources du ministère allemand Destatis, Statisches Bundesamt)

De plus en plus d’enfants des couples français résidant en Allemagne sont également éloignés de leurs parents en raison de leur origine culturelle, de leur méthodologie pédagogique et de leur manque de connaissance de la langue allemande. Même en présence de familles en France qui prendraient soin de l’enfant, le bien de l’enfant correspond au fait de grandir dans une famille d’accueil allemande, selon les autorités allemandes.

Emigrer en Allemagne pour y travailler signifie donc mettre sa famille en danger.

Se séparer d’un conjoint allemand (si les deux ne sont pas allemands, de celui qui est plus lié à la langue, à la culture allemandes et déterminé à rester en Allemagne), signifie perdre la garde de l’enfant avec certitude et aussi facilement ses droits parentaux.

Le parent français devra payer une pension alimentaire très souvent exorbitante, fixée arbitrairement par le juge allemand, quel que soit son revenu. Les injonctions de paiement exécutées en France sans aucun contrôle en application du règlement européen RE 4/2009, aboutissent à des saisies sur le sol français, qui mettent les parents qui ont déjà perdu leurs enfants sur la paille. Ruinés et psychologiquement détruits, mais continuellement harcelés par les administrations allemandes, ils finissent par perdre leur emploi, parfois même leur logement. Mais peu importe, la France exécute.

Dans les rares cas contraires, (très très peu d’enfants ont échappé au système allemand), l’Allemagne ignore les injonctions françaises, car elle est protégée par ses codes de procédure contre les mouvements de capitaux d’Allemagne vers l’étranger.

On tente depuis au moins trois législatures de traiter ce sujet en Europe (voir « Document de travail du Parlement européen sur les mesures discriminatoires et arbitraires adoptées par le Jugendamt« ).

Mais chaque fois que la question est remise sur le tapis, tous les eurodéputés allemands unissent leurs forces, au-delà des groupes et des partis, pour défendre l’intérêt national, tandis que les eurodéputés français le délaissent, au mieux par ignorance, au pire en se soumettant aux intérêts des autres.

En novembre 2018, une énième discussion a eu lieu sur ce sujet. La proposition de résolution de la Commission des pétitions était assez explicite dans les accusations portées contre l’Allemagne. Pour affaiblir la résolution en séance plénière, les députés allemands et leurs alliés germanophones ont demandé un grand nombre d’amendements, également soumis au vote. La plupart de ces amendements ont été adoptés car ils ont recueilli les suffrages favorables de trop nombreux députés français, qui ont ainsi voté contre l’intérêt national français. Pour que tout cela ne se reproduise plus et que les élus du peuple français défendent les intérêts de leurs concitoyens, même mineurs.

Nous demandons aux candidats aux prochaines élections européennes de déclarer publiquement leur intention, en cas d’élection :

  • de prendre en charge le problème Jugendamt en Europe;
  • de proposer des modifications des Règlements en matière familiale qui exigent actuellement la reconnaissance des décisions allemandes;
  • de s’informer et d’informer les médias et les citoyens de ce problème;
  • d’insérer ce sujet dans leur programme;
  • d’organiser des événements et des conférences impliquant des spécialistes du Jugendamt et du système allemand de la famille, même si beaucoup ont été criminalisés précisément pour nuire à leur crédibilité, en dépit de faits irréfutables et de documents en leur possession;
  • de demander la suspension de la participation de l’Allemagne au programme Erasmus, jusqu’à la résolution du problème;
  • défendre concrètement les enfants français en Europe.

Candidats qui avaient été contactés :

  • Alain Cadec (Union de la Droite et du Centre)
  • Angélique Delahaye (Union de la Droite et du Centre)
  • Anne Sander (Union de la Droite et du Centre)
  • Arnaud Danjean (Union de la Droite et du Centre)
  • Brice Hortefeux (Union de la Droite et du Centre)
  • Dominique Bilde (Prenez le pouvoir, liste soutenue par Marine Le Pen)
  • Dominique Martin (Prenez le pouvoir, liste soutenue par Marine Le Pen)
  • Dominique Riquet (Renaissance soutenue par la République en Marche, le Modem et ses partenaires)
  • Edouard Martin (Liste citoyenne du printemps européen avec Benoît Hamon)
  • Emmanuel Maurel (La France Insoumise)
  • Eva Joly (Europe Écologie)
  • Florian Philippot (Ensemble Patriotes et Gilets Jaunes : pour la France, sortons de l’Union européenne !)
  • France Jamet (Prenez le pouvoir, liste soutenue par Marine Le Pen)
  • Franck Proust (Union de la Droite et du Centre)
  • Geoffroy Didier (Union de la Droite et du Centre)
  • Gilles Lebreton (Prenez le pouvoir, liste soutenue par Marine Le Pen)
  • Guillaume Balas (Liste citoyenne du printemps européen avec Benoît Hamon)
  • Isabelle Thomas (Liste citoyenne du printemps européen avec Benoît Hamon)
  • Jean-François Jalkh (Prenez le pouvoir, liste soutenue par Marine Le Pen)
  • Karima Delli (Europe Écologie)
  • Marie-Pierre Vieu (Pour l’Europe des gens contre l’Europe de l’argent)
  • Michel Dantin (Union de la Droite et du Centre)
  • Michèle Rivasi (Europe Écologie)
  • Mireille D’Ornano (Ensemble Patriotes et Gilets Jaunes : pour la France, sortons de l’Union européenne !)
  • Mylène Troszczynski (Prenez le pouvoir, liste soutenue par Marine Le Pen)
  • Nadine Morano (Union de la Droite et du Centre)
  • Nicolas Bay (Prenez le pouvoir, liste soutenue par Marine Le Pen)
  • Pascal Durand (Renaissance soutenue par la République en Marche, le Modem et ses partenaires)
  • Patrick Le Hyaric (Pour l’Europe des gens contre l’Europe de l’argent)
  • Philippe Loiseau (Prenez le pouvoir, liste soutenue par Marine Le Pen)
  • Sylvie Guillaume (Envie d’Europe écologique et sociale)
  • Yannick Jadot (Europe Écologie)
  • Younous Omarjee (La France Insoumise)

Bruxelles : Adoption d’une Résolution sur le système allemand et le rôle du Jugendamt dans les affaires familiales

Conférence de presse du 29 mai 2018 au Parlement européen à Strasbourg

Une belle victoire que nous devons essentiellement à 4 eurodéputés, Eleonora EVI (Italie), Edouard Martin (France), Virginie Rosière (France) et à Zdzisław Krasnodębski, vice-président du parlement européen (Pologne).

Grâce à eux, les parents d’enfants otages ou volés gagnent en crédibilité, dans le sens où, c’est maintenant officiel, le système familial allemand n’a pas d’autre objectif que celui de conserver tous les enfants qui même temporairement, se trouvent sous juridiction allemande, sur le territoire allemand.

Le long et difficile travail du groupe qui a été mis en place au sein de la Commission européenne des pétitions à leur initiative, a permis l’élaboration de cette résolution.

Une victoire malgré tout un peu amère

Cependant, l’analyse des votes des eurodéputés et pour ce qui nous concerne, de certains eurodéputés français qui semblent toujours avoir du mal à défendre les intérêts de leurs concitoyens (parents mais surtout enfants), ont contribué à dénaturer la proposition de résolution, atténuant ainsi la force du texte initial.

Nous aimerions comprendre comment certains peuvent à la fois se féliciter de cette avancée et voter pour des amendements qui visent à conforter la Commission européenne dans sa position pro allemande.

On peut évidemment voter pour ou contre une mesure fiscale, pour ou contre un amendement pour que la provenance de la viande ne figure pas sur l’étiquette d’une entrecôte (même si déjà, dans cette hypothèse, s’interroger sur la motivation d’un député serait légitime), mais comment peut-on voter pour un amendement qui nie la réalité, les faits prouvés par des documents officiels, des mois d’enquêtes, de recherches ?

C’est comme si on nous demandait de voter pour décider qu’un responsable politique ne s’est pas rendu coupable de détournement de fonds publics, bien qu’il ait été pris la main dans le sac.

On peut se demander, encore une fois (lorsqu’il s’agit par exemple de pesticides, de l’industrie pharmaceutique…) quelle place occupe l’Homme dans les considérations, les préoccupations de l’UE. On peut finalement se demander que sont devenues ces valeurs, ces grands principes communs à tous les pays de l’UE, sur la base desquels ils se sont unis : les droits de l’Homme, la protection de l’Enfant.

Le 26 mai 2019, les parents d’Enfants otages, d’enfants volés, eux aussi voteront

Les élections législatives européennes approchant, nous publions ici une partie des votes des eurodéputés français.

Nous ne doutons pas du choix qu’ils feront.

Les eurodéputés qui ont voté pour ces amendements soutiennent le système allemand et encouragent l’Etat allemand à poursuivre le vol d’enfants. (textes, votes, amendements…).

Am 1 (4) :

  • Bernard MONOT (EFDD, Debout la France)
  • Isabelle THOMAS (S&D, Génération.s, le mouvement)
  • Sylvie GODDYN (EFDD, Indépendant)
  • Maurice PONGA (PPE, Les Républicains)

Am 10 (8) :

  • Bernard MONOT (EFDD, Debout la France)
  • Marie-Christine VERGIAT (GUE/NGL, Front de Gauche)
  • Jean-Marie CAVADA (ALDE, Génération Citoyens)
  • Sylvie GODDYN (EFDD, Indépendant)
  • Jean ARTHUIS (ALDE, La République en marche)
  • Nathalie GRIESBECK (ALDE, Mouvement Démocrate)
  • Robert ROCHEFORT (ALDE, Mouvement Démocrate)
  • Philippe LOISEAU (ENF, Rassemblement national)

Am 12 (21) :

  • Tokia SAÏFI (PPE, Agir – La Droite constructive)
  • Alain LAMASSOURE (PPE, Indépendant)
  • Jérôme LAVRILLEUX (PPE, Indépendant)
  • Elisabeth MORIN-CHARTIER (PPE, Indépendant)
  • Aymeric CHAUPRADE (EFDD, Les Français Libres)
  • Mireille D’ORNANO (EFDD, Les Patriotes)
  • Florian PHILIPPOT (EFDD, Les Patriotes)
  • Michèle ALLIOT-MARIE (PPE, Les Républicains)
  • Alain CADEC (PPE, Les Républicains)
  • Arnaud DANJEAN (PPE, Les Républicains)
  • Michel DANTIN (PPE, Les Républicains)
  • Rachida DATI (PPE, Les Républicains)
  • Angélique DELAHAYE (PPE, Les Républicains)
  • Françoise GROSSETÊTE (PPE, Les Républicains)
  • Brice HORTEFEUX (PPE, Les Républicains)
  • Marc JOULAUD (PPE, Les Républicains)
  • Philippe JUVIN (PPE, Les Républicains)
  • Nadine MORANO (PPE, Les Républicains)
  • Maurice PONGA (PPE, Les Républicains)
  • Franck PROUST (PPE, Les Républicains)
  • Anne SANDER (PPE, Les Républicains)

Am 13S (2) :

  • Bernard MONOT (EFDD, Debout la France)
  • Sylvie GODDYN (EFDD, Indépendant)

Am 15S (6) :

  • Bernard MONOT (EFDD, Debout la France)
  • Isabelle THOMAS (S&D, Génération.s, le mouvement)
  • Sylvie GODDYN (EFDD, Indépendant)
  • Mireille D’ORNANO (EFDD, Les Patriotes)
  • Florian PHILIPPOT (EFDD, Les Patriotes)
  • Gilles PARGNEAUX (S&D, Parti socialiste)

Am 2 (9) :

  • Bernard MONOT (EFDD, Debout la France)
  • Sylvie GODDYN (EFDD, Indépendant)
  • Jean ARTHUIS (ALDE, La République en marche)
  • Mireille D’ORNANO (EFDD, Les Patriotes)
  • Florian PHILIPPOT (EFDD, Les Patriotes)
  • Maurice PONGA (PPE, Les Républicains)
  • Marie-Christine ARNAUTU (ENF, Rassemblement national)
  • Steeve BRIOIS (ENF, Rassemblement national)
  • France JAMET (ENF, Rassemblement national)

Am 3S (2) :

  • Bernard MONOT (EFDD, Debout la France)
  • Sylvie GODDYN (EFDD, Indépendant)

Am 4 (28) :

  • Bernard MONOT (EFDD, Debout la France)
  • Patrick LE HYARIC (GUE/NGL, Front de Gauche)
  • Marie-Christine VERGIAT (GUE/NGL, Front de Gauche)
  • Marie-Pierre VIEU (GUE/NGL, Front de Gauche)
  • Bruno GOLLNISCH (NI, Front national)
  • Jean-Marie CAVADA (ALDE, Génération Citoyens)
  • Sylvie GODDYN (EFDD, Indépendant)
  • Jean ARTHUIS (ALDE, La République en marche)
  • Florian PHILIPPOT (EFDD, Les Patriotes)
  • Nathalie GRIESBECK (ALDE, Mouvement Démocrate)
  • Robert ROCHEFORT (ALDE, Mouvement Démocrate)
  • Thierry CORNILLET (ALDE, Mouvement Radical)
  • Emmanuel MAUREL (GUE/NGL, Parti socialiste)
  • Jean-Luc SCHAFFHAUSER (ENF, Rassemblement bleu Marine)
  • Marie-Christine ARNAUTU (ENF, Rassemblement national)
  • Nicolas BAY (ENF, Rassemblement national)
  • Dominique BILDE (ENF, Rassemblement national)
  • Marie-Christine BOUTONNET (ENF, Rassemblement national)
  • Steeve BRIOIS (ENF, Rassemblement national)
  • Jacques COLOMBIER (ENF, Rassemblement national)
  • France JAMET (ENF, Rassemblement national)
  • Gilles LEBRETON (ENF, Rassemblement national)
  • Christelle LECHEVALIER (ENF, Rassemblement national)
  • Philippe LOISEAU (ENF, Rassemblement national)
  • Dominique MARTIN (ENF, Rassemblement national)
  • Joëlle MÉLIN (ENF, Rassemblement national)
  • Mylène TROSZCZYNSKI (ENF, Rassemblement national)
  • Patricia LALONDE (ALDE, Union des Démocrates et Indépendants)

Am 5 (4) :

  • Bernard MONOT (EFDD, Debout la France)
  • Sylvie GODDYN (EFDD, Indépendant)
  • Aymeric CHAUPRADE (EFDD, Les Français Libres)
  • Patricia LALONDE (ALDE, Union des Démocrates et Indépendants)

Am 6 (28) :

  • Tokia SAÏFI (PPE, Agir – La Droite constructive)
  • Bernard MONOT (EFDD, Debout la France)
  • Jean-Marie CAVADA (ALDE, Génération Citoyens)
  • Sylvie GODDYN (EFDD, Indépendant)
  • Alain LAMASSOURE (PPE, Indépendant)
  • Jérôme LAVRILLEUX (PPE, Indépendant)
  • Elisabeth MORIN-CHARTIER (PPE, Indépendant)
  • Jean ARTHUIS (ALDE, La République en marche)
  • Aymeric CHAUPRADE (EFDD, Les Français Libres)
  • Michèle ALLIOT-MARIE (PPE, Les Républicains)
  • Alain CADEC (PPE, Les Républicains)
  • Arnaud DANJEAN (PPE, Les Républicains)
  • Michel DANTIN (PPE, Les Républicains)
  • Rachida DATI (PPE, Les Républicains)
  • Angélique DELAHAYE (PPE, Les Républicains)
  • Geoffroy DIDIER (PPE, Les Républicains)
  • Françoise GROSSETÊTE (PPE, Les Républicains)
  • Brice HORTEFEUX (PPE, Les Républicains)
  • Marc JOULAUD (PPE, Les Républicains)
  • Philippe JUVIN (PPE, Les Républicains)
  • Nadine MORANO (PPE, Les Républicains)
  • Maurice PONGA (PPE, Les Républicains)
  • Franck PROUST (PPE, Les Républicains)
  • Anne SANDER (PPE, Les Républicains)
  • Nathalie GRIESBECK (ALDE, Mouvement Démocrate)
  • Robert ROCHEFORT (ALDE, Mouvement Démocrate)
  • Thierry CORNILLET (ALDE, Mouvement Radical)
  • Patricia LALONDE (ALDE, Union des Démocrates et Indépendants)

Am 7 (2) :

  • Bernard MONOT (EFDD, Debout la France)
  • Sylvie GODDYN (EFDD, Indépendant)

Am 8S (8) :

  • Jean-Marie CAVADA (ALDE, Génération Citoyens)
  • Jean ARTHUIS (ALDE, La République en marche)
  • Mireille D’ORNANO (EFDD, Les Patriotes)
  • Florian PHILIPPOT (EFDD, Les Patriotes)
  • Nathalie GRIESBECK (ALDE, Mouvement Démocrate)
  • Robert ROCHEFORT (ALDE, Mouvement Démocrate)
  • Thierry CORNILLET (ALDE, Mouvement Radical)
  • Patricia LALONDE (ALDE, Union des Démocrates et Indépendants)

Am 9 (38) :

  • Tokia SAÏFI (PPE, Agir – La Droite constructive)
  • Bernard MONOT (EFDD, Debout la France)
  • Bruno GOLLNISCH (NI, Front national)
  • Sylvie GODDYN (EFDD, Indépendant)
  • Alain LAMASSOURE (PPE, Indépendant)
  • Jérôme LAVRILLEUX (PPE, Indépendant)
  • Elisabeth MORIN-CHARTIER (PPE, Indépendant)
  • Aymeric CHAUPRADE (EFDD, Les Français Libres)
  • Mireille D’ORNANO (EFDD, Les Patriotes)
  • Florian PHILIPPOT (EFDD, Les Patriotes)
  • Michèle ALLIOT-MARIE (PPE, Les Républicains)
  • Alain CADEC (PPE, Les Républicains)
  • Arnaud DANJEAN (PPE, Les Républicains)
  • Michel DANTIN (PPE, Les Républicains)
  • Rachida DATI (PPE, Les Républicains)
  • Angélique DELAHAYE (PPE, Les Républicains)
  • Geoffroy DIDIER (PPE, Les Républicains)
  • Françoise GROSSETÊTE (PPE, Les Républicains)
  • Brice HORTEFEUX (PPE, Les Républicains)
  • Marc JOULAUD (PPE, Les Républicains)
  • Philippe JUVIN (PPE, Les Républicains)
  • Nadine MORANO (PPE, Les Républicains)
  • Maurice PONGA (PPE, Les Républicains)
  • Franck PROUST (PPE, Les Républicains)
  • Anne SANDER (PPE, Les Républicains)
  • Jean-Luc SCHAFFHAUSER (ENF, Rassemblement bleu Marine)
  • Marie-Christine ARNAUTU (ENF, Rassemblement national)
  • Dominique BILDE (ENF, Rassemblement national)
  • Marie-Christine BOUTONNET (ENF, Rassemblement national)
  • Steeve BRIOIS (ENF, Rassemblement national)
  • Jacques COLOMBIER (ENF, Rassemblement national)
  • France JAMET (ENF, Rassemblement national)
  • Gilles LEBRETON (ENF, Rassemblement national)
  • Christelle LECHEVALIER (ENF, Rassemblement national)
  • Philippe LOISEAU (ENF, Rassemblement national)
  • Dominique MARTIN (ENF, Rassemblement national)
  • Joëlle MÉLIN (ENF, Rassemblement national)
  • Mylène TROSZCZYNSKI (ENF, Rassemblement national)

Certaines choses nous échappent.

Nous nous demandons par exemple, pourquoi certains ont jugé bon de voter pour le rappel du principe de subsidiarité en matière de droit de la famille et pourquoi ils ont refusé d’admettre la responsabilité de la Commission qui en s’abstenant de contrôler les pratiques employées dans le système allemand dans le cadre des litiges familiaux ayant une dimension transfrontière, a failli à l’obligation de protéger l’intérêt supérieur de l’enfant et tous les autres droits connexes.

Est-ce bien logique de se réjouir de l’adoption de cette résolution tout en affirmant que les pratiques allemandes dans les affaires familiales ne concernent pas la Commission européenne ?

Nous ne comprenons pas non plus pourquoi, plutôt que de condamner tous les cas de discrimination contre des parents non allemands par le Jugendamt, ils ont préféré relever avec inquiétude tous les cas allégués de discrimination contre des parents non allemands par cette administration.

En votant un tel amendement, non seulement ils font planer le doute sur la sincérité des parents qui ont demandé leur aide et qui sans doute, leur ont transmis tous les documents de preuves de leurs sincérité, mais encore, ils remettent également en cause la qualité et le sérieux du travail d’enquête, de recherche et la rédaction de la résolution de leurs collègues qui ont participé au groupe de travail présidé par l’eurodéputée Eleonora EVI.

La résolution proposée était pourtant bien concrète, basée sur les documents que le groupe de travail a eu entre ses mains, (décisions des tribunaux allemands, du jugendamt, réponses du gouvernement allemand aux questions posées par le groupe de travail…).

La transparence selon l’UE

Qui ne sait pas aujourd’hui que l’UE c’est la transparence ?

Nous sans doute, puisqu’encore une fois, on a pu se rendre compte à quel point le fonctionnement de l’UE est opaque. L’actualité nous le montre tous les jours dans le domaine économique, mais on constate que c’est aussi également le cas lorsqu’il s’agit des enfants. Aurions-nous vu juste en évoquant la manne financière à laquelle l’Allemagne ne veut pas renoncer ?

Pour revenir à la résolution, il est très difficile de comprendre qui a voté quoi.

Le texte initial a été « haché menu », au point que des votes ont porté sur des petits bouts de phrases.

Certains amendements ont été votés, allez savoir pourquoi, à main levée, de sorte qu’il est impossible de savoir qui a voté pour et qui a voté contre…

C’est notamment le cas de l’amendement n° 22 qui portait sur le paragraphe 4 de la proposition de résolution. Ce paragraphe dénonce les tribunaux allemands qui, chaque fois qu’ils le peuvent, refusent de reconnaître un jugement non-allemand parce que l’enfant, âgé de 3 ans, n’a pas été entendu par le juge non-allemand.

Pourtant, le gouvernement allemand l’a confirmé au groupe de travail qui lui avait posé la question !

Une énigme que nous aimerions résoudre

Sur 24 amendements déposés, 16 l’ont été par Julia Pitéra (Pologne) 4 ont été proposés par Yana Toom (Estonie) tandis que Peter Jahr (Allemagne) toujours prêt depuis des années à défendre bec et ongles l’honneur de sa patrie, n’en a déposé que 4.

Forcément, comment ne pas se demander ce qui pousse une eurodéputée polonaise dont les concitoyens sont parmi les plus nombreux à se plaindre du système familial allemand (notamment sur l’interdiction faite aux parents non-allemands de parler leur langue maternelle avec leurs enfants) à mépriser ainsi ses semblables.

Quelle relation existe-t-il entre l’Etat allemand, ses institutions et organismes ou ses partis politiques et une eurodéputée polonaise qui semble de surcroît ne pas avoir bonne presse dans son pays où elle a déjà eu maille à partir avec la justice.

Nous serions très reconnaissants aux journalistes qui résoudraient pour nous cette énigme et nous sommes à sa disposition pour lui faire part des informations dont nous disposons.

Rouen : une victoire amère pour ces parents tentant de rapatrier leur enfant resté en Allemagne

Article de Christophe Hubard, paru le 24/02/2019 dans le journal Paris Normandie

Droit de suite. L’association qui se bat pour rapatrier les enfants restés sur le sol allemand vient d’obtenir une première victoire.

Alain Joly à la conférence de presse du 29 mai 2018 au Parlement européen à Strasbourg

L’association Enfants otages créée en 2011 à Rouen (nos éditions du 3 juillet 2017 et du 16 juin 2018) vient d’arracher une victoire importante. Depuis nombre d’années que ses deux fondateurs, Alain Joly et Karine Bachelier, attendaient que le Parlement européen se prononce sur les innombrables cas d’enfants restés sur le sol allemand (le plus souvent après la séparation d’un couple dont l’un des deux parents est Allemand)… Voilà qui est fait depuis le 29 novembre 2018.

Le Parlement européen a enfin voté une résolution adressée à la Commission reprenant les nombreuses critiques émises à l’encontre du Jugendamt (l’administration de la jeunesse).

« Pour nous c’est une victoire », reconnaît Alain Joly, ce parent rouennais, éloigné de sa fille depuis 2009, restée en Allemagne avec sa mère. « Ça nous donne du crédit ». Le texte a été adopté avec 580 voix pour, 18 contre et 36 abstentions.

Dans cette résolution, l’Allemagne est épinglée pour sa conception très particulière de « l’intérêt supérieur de l’enfant ». « Les pétitionnaires [ces parents ayant déposé un dossier devant la Commission des pétitions, NDLR] dénoncent le fait que […] les autorités allemandes compétentes interprètent systématiquement l’impératif de protection de l’intérêt supérieur de l’enfant comme la nécessité que l’enfant reste sur le territoire allemand, même dans des cas où des abus et des violences domestiques contre le parent non-allemand ont été signalés ». La résolution a donc le mérite de poser noir sur blanc ces problèmes.

Pourtant, cette victoire laisse un goût amer. Car il est une chose de coucher sur le papier les récriminations des parents concernés mais il en est une autre de les faire siennes et de condamner de manière claire et précise ces pratiques.

Les enfants entendus dès l’âge de 3 ans en Allemagne

Plusieurs amendements ont été adoptés et ont atténué la force du texte initial. L’exemple le plus frappant est l’ajout du mot « prétendument » au moment d’évoquer les « procédures administratives et judiciaires prétendument discriminatoires ou désavantageuses […] adoptées à l’encontre [de ces parents non-allemands] par les autorités allemandes, dont le Jugendamt ».

« Tous les pétitionnaires ont fourni les documents prouvant leurs dires. Cet amendement remet en cause la sincérité du groupe de travail [de la Commission des pétitions] », réprouve Alain Joly.

Le mot prétendument apparaît encore lorsque le texte aborde un point essentiel. L’Allemagne rejette en effet des décisions rendues par d’autres tribunaux nationaux sous prétexte que l’enfant, pourtant très jeune, n’a pas été entendu, le système allemand interrogeant les enfants dès l’âge de 3 ans . « Le Parlement européen s’inquiète […] du fait que […] les autorités allemandes peuvent, prétendument, systématiquement refuser de reconnaître les décisions judiciaires rendues dans d’autres États membres [malgré les textes européens l’obligeant à le faire] dans les cas où les enfants de moins de 3 ans n’ont pas été entendus ».

« C’est la première fois que nous réussissons à faire passer une résolution, mais pour des raisons contraires, sûrement politiques, ils [les eurodéputés] ont voté contre nos intérêts », déplore Alain Joly.

Cette résolution, qui est par définition non-contraignante, doit être transmise aux parlements des États membres. À suivre.

« Personne ne fait rien »

Interview de Stéphanie Dupont-Baillon, avocate en droit des affaires et en droit international de la famille (les déplacements illicites – les enlèvements internationaux) qui suit plusieurs familles aux prises avec le système judiciaire allemand.

Quelle est l’ampleur du phénomène ?

« Il y a 300 pétitions en cours devant le Parlement européen et tant d’autres parents qui n’en ont pas (encore) déposé. Tout le monde est au courant mais personne ne fait rien. Les instances diplomatiques ne s’en occupent pas du tout. On a de très bons magistrats en France mais ils manquent de formation sur ces cas-là. Certains aspects sont très techniques. Rien que les notions d’autorité parentale, de résidence et de droit de garde ne se traduisent pas de la même manière en allemand. À vrai dire, ce n’est pas une question de nationalité. Au vu de certains cas, une fois que les enfants sont sur le sol allemand, ils ne peuvent plus en sortir. Pour eux, l’enfant sera mieux en Allemagne ».

Ce sont encore une fois des propos très durs…

« Ce discours est inaudible car il ne faut pas vexer les Allemands. La moindre critique et on prend le risque de vous sortir que vous êtes germanophobe. Moi-même au début je disais à Alain [Joly] qu’il allait trop loin. Après je suis rentrée dans les dossiers et finalement je me dis qu’il ne va pas assez loin ! Pour se rendre compte, un juge allemand m’a un jour répondu ceci dans une procédure qui est en cours : « Ce n’est pas parce qu’on n’a pas de preuve qu’on ne gagne pas ici ». L’Allemagne ne respecte pas le droit européen, refuse d’appliquer les décisions françaises alors qu’on signe le Traité d’Aix-la-Chapelle célébrant l’anniversaire du Traité de l’Élysée consacrant la coopération franco-allemande, coopération qui n’existe absolument quand il s’agit d’enfants ».

L’avis du Bundestag sur les acteurs du système familial allemand

Le palais du Reichstag, siège du Bundestag

Le Jugendamt (ou Wächteramt, office de surveillance) et son rôle en tant que parent étatique ont été traités par la Commission des pétitions du Parlement européen (proposition de résolution du 14/11/2018) et le Parlement lui-même (textes adoptés du 29/11/2018).

Ils ont notamment souligné la discrimination dont souffrent systématiquement les parents non allemands.

Les trois autres acteurs ont été examinés par la Commission de l’enfance du Bundestag qui a rendu son avis en novembre 2018.

Le texte est suffisamment clair et sans ambiguïté : le système familial allemand n’est pas qualifié et de fait, il n’est pas fiable.

Vous trouverez ci-dessous les passages remarquables (texte original suivi de la traduction) qui se passent de commentaires.

Stellungnahme der Kinderkommission des Deutschen Bundestages zum Thema « Qualitätssicherung in Kindschaftsverfahren: Qualifizierung von Familienrichterinnen und -richtern, Gutachtern und Verfahrensbeiständen ».
Déclaration de la Commission enfance du Bundestag allemand sur « Assurance de qualité dans les procédures portant sur les enfants : qualification [NdT: en termes de formation et de compétences) des Juges de la famille, des Experts et des Verfahrensbeiständen ».

Im Jahr 2017 gab es über 340.000 Kindschaftsverfahren (Familiengerichtliche Verfahren ohne Scheidung und Ehesachen an Amtsgerichten und Oberlandesgerichten).
En 2017, plus de 340 000 procédures de garde d’enfants ont été ouvertes (procédures familiales hors procédures de divorce et de séparation devant les tribunaux et les cours d’appel).

Das staatliche Wächteramt erfordert einerseits, jedes Kind vor Gefährdung und Schaden zu schützen, und andererseits garantiert die Verfassung, die Integrität und das Erziehungsrecht von Familien zu achten
D’une part, le Jugendamt [NdT: appelé dans le texte « Office de surveillance de l’Etat »] doit protéger chaque enfant du danger et d’autre part, la Loi fondamentale [NdT: l’Allemagne n’a pas de constitution !] impose le respect de l’intégrité et du droit de la famille à l’éducation

Die Kinderkommission hat sich in drei Expertenanhörungen mit den Herausforderungen beschäftigt, die sich den genannten Professionen stellen. Zusätzlich wurden betroffene Kinder und Jugendliche zu ihren Erfahrungen befragt.
Dans le cadre de 3 auditions d’experts, la Commission enfance s’est penchée sur la question des compétences que les professionnels doivent posséder. Des enfants et des jeunes ont également été écoutés à propos de leurs expériences.

Die Kinderkommission musste zur Kenntnis nehmen, dass die angehörten Experten Mängel bei der Qualifikation, dem Aufgabenverständnis und den Verfahrensabläufen benannten. Auch wurden strukturelle Defizite festgestellt.
La Commission enfance doit prendre note du fait que les experts consultés ont identifié des manques dans les qualifications, la compréhension des tâches et les procédures. Des déficits structurels ont également été identifiés.

1.1. Gruppe der Richter und Richterinnen
1.1. Groupe 1 : les juges

Familienrecht wird in der Ausbildung der Juristen nicht oder nur in geringem Maße vermittelt, und zwar weder im Studium noch im Referendariat.
Le droit de la famille n’est pas ou trop peu enseigné aux juristes, que ce soit pendant leurs études ou pendant leur stage de formation.

Die formalen Anforderungen wurden im Zusammenhang mit der Wiedervereinigung reduziert, so dass anstelle von drei Jahren nunmehr ein einziges Jahr Berufserfahrung für eine Bestellung zum Familienrichter ausreicht.
Depuis la réunification (1989), les exigences formelles ont été réduites, de sorte qu’au lieu de trois ans, une année d’expérience professionnelle suffit désormais pour être nommé juge de la famille.

Weitere formale Voraussetzungen für die Eingangsbestellung, wie sie etwa für das Insolvenzrecht gelten, bestehen nicht.
Il n’y a pas d’autres exigences formelles pour la nomination, comme c’est le cas au contraire pour les juges chargés des faillites.

Die Zahl der offenen Stellen überschreitet die Nachfrage.
Le nombre de sièges vacants est supérieur au nombre de juges disponibles.

1.2. Gruppe der psychologischen Sachverständigen bzw. Gutachter und Gutachterinnen
1.2. Groupe 2 : experts (généralement des psychologues)

An den 50 universitären Psychologischen Instituten in Deutschland gibt es keine Professur für Rechtspsychologie.
Il n’y a pas de chaire de psychologie judiciaire dans les 50 Instituts de psychologie des universités en Allemagne.

Der Richter oder die Richterin bestellt den/die Sachverständigen nach eigenem Ermessen.
Le juge nomme l’expert à sa discrétion.

Einige Experten nannten außerdem Mängel in der Abfassung von Gutachten, so werde beispielsweise nicht immer die Tatsachen-beschreibung von ihrer Interpretation getrennt.
Certains experts (ceux qui ont été interpelés par la Commission enfance du Bundestag) ont également mentionné des lacunes dans la rédaction des avis d’experts, par exemple, la description des faits n’est pas toujours distincte de l’interprétation personnelle.

1.3. Gruppe der Verfahrensbeistände
1.3. Groupe 3 : les Verfahrensbeistände (généralement traduit à tort par « avocat de l’enfant » et signifiant littéralement « surveillant/gardien de la procédure »)

Die gesetzliche Anforderung sei lediglich « geeignete Person ». Dies sei aber zu unspezifisch.
La Loi établi tout simplement qu’on doit nommer une « personne compétente ». Mais cela est trop générique.

So wurde beispielsweise bemängelt, dass Verfahrensbeistände ihre Aufgaben diffus wahrnähmen, ihre Rolle nicht klar von anderen professionellen Akteuren abgrenzten, z. B. zur psychologischen Begutachtung, und nicht immer zwischen Kindeswillen und Kindeswohl unterscheiden könnten.
Par exemple, on a critiqué le fait que les Verfahrensbeistände s’acquittent de leurs tâches d’une manière peu claire, ne distinguent pas clairement leur rôle de celui des autres acteurs professionnels impliqués, par exemple en ce qui concerne l’évaluation psychologique, et ne savent pas toujours comment distinguer entre la volonté de l’enfant et le bien de l’enfant.

2. Handlungsempfehlungen
2. Recommandations relatives à la mise en œuvre

Die Kinderkommission fordert eine verbindliche Qualifizierung von Familienrichterinnen und –richtern
La Commission enfance demande l’introduction d’une qualification obligatoire pour les juges de la famille

Entsprechend soll das Familienrecht in der universitären Ausbildung gestärkt werden.
Par conséquent, le droit de la famille devrait être enseigné davantage pendant les études universitaires.

Die Kinderkommission fordert die Weiterführung des Prozesses zur Qualifizierung von psychologischen Sachverständigen. Dazu gehören die verpflichtende Fort- und Weiterbildung von Sachverständigen und der Ausbau der dazugehörigen Strukturen. Wichtig ist darüber hinaus, die Rechtspsychologie an den Universitäten zu stärken.
La Commission enfance souhaite que le processus de formation des psychologues se poursuive. Cela inclut la formation continue obligatoire et l’extension des structures associées. Il est également important de renforcer l’enseignement de la psychologie judiciaire dans les universités.

[Es] sollte deshalb nicht länger davon ausgegangen werden, dass Psychotherapeuten grundsätzlich die Befähigung zur Erstellung psychologischer Gutachten im Familienrecht besitzen.
Il ne faut donc plus présumer que les psychothérapeutes soient généralement qualifiés pour établir des rapports psychologiques dans le cadre du droit de la famille.

Die Kinderkommission fordert verbindliche Qualitätsstandards für Verfahrensbeistände.
La commission enfance demande l’introduction de normes de qualité contraignantes pour les Verfahrensbeistände.

Es muss sichergestellt werden, dass die Auswahl der Verfahrensbeistände transparent und unter Einbeziehung der betroffenen Kinder erfolgt.
Diese sollten ihren Verfahrensbeistand ablehnen können.
Il faut veiller à ce que la sélection des Verfahrensbeistände soit transparente et implique les enfants concernés. Les enfants devraient pouvoir refuser le Verfahrensbeistand qui leur a été assigné (!).

Die Kinderkommission fordert verbindliche Standards bei der Anhörung von Kindern.
La Commission enfance exige également des normes et des protocoles contraignants pour l’audition des enfants.

Kinder und Jugendliche müssen während des Verfahrens nachfragen und sich beschweren können.
Les enfants et les adolescents devraient pouvoir poser des questions et se plaindre pendant la procédure.

Kinder und Jugendliche möchten den vom Gericht bestellten Verfahrensbeistand ablehnen oder wechseln können.
Les enfants et les adolescents souhaitent pouvoir refuser ou faire changer le Verfahrensbeistand désigné par le tribunal.

Document complet : Kommissionsdrucksache – 19. Wahlperiode – 19/04

Pédagogie : Éduquer pour le Führer

Article original en allemand de Anne Kratzer paru le 17/01/2019 sur le site Spektrum.de

© AKG Images / Lucien Lorelle (Ausschnitt)

Pour élever une génération de suiveurs et de soldats le régime nazi exigeait des mères qu’elles ignorent systématiquement les besoins de leurs bébés. Jusqu’à aujourd’hui, disent les spécialistes des sciences de l’éducation, on constate les effets de cette méthode.

Elle veut aimer ses enfants, mais tout simplement elle n’y arrive pas. La dépression pousse Renate Flens à fréquenter le cabinet de la psychothérapeute Katharina Weiss. Cette experte a tôt fait de percer derrière les problèmes de sa patiente la frustration de celle qui ne peut pas laisser d’autres personnes l’approcher.

Après une recherche intensive des causes dans le passé de Flens les deux femmes pensent avoir trouvé une coupable : le médecin Johanna Haarer qui au temps du nazisme expliquait dans ses manuels comment éduquer les enfants pour le Führer. Et pourtant Renate Flens, qui s’appelle autrement en réalité, n’a vu le jour que dans les années 1960 – bien après la guerre. Mais les livres de Haarer étaient des bestsellers. Même dans l’Allemagne d’après-guerre on en trouvait des exemplaires dans presque chaque foyer. Questionnée par sa thérapeute Flens se souvint d’avoir vu quelques livres de Haarer dans la bibliothèque de ses parents. Et un aspect particulièrement négatif de la philosophie éducative de Haarer a sans doute été transmis de génération en génération : pour éduquer de bons soldats et de bons suiveurs, le régime nazi exigeait des mères qu’elles ignorent systématiquement les besoins de leurs bébés. Ces enfants ne devaient pas avoir d’émotions ni d’attachement. Quand toute une génération a été éduquée avec ce système de sorte à ne pas s’attacher aux autres, comment peut-elle alors apprendre cet attachement à ses enfants ou petits-enfants ?

En 1934 le médecin Johanna Haarer publia son manuel « La mère allemande et son premier enfant ». Le livre se vendit à 1,2 millions d’exemplaires et devint pendant le nazisme la base de l’éducation dans les jardins d’enfants et les foyers ainsi que dans les stages de formation des « mères du Reich ».

Dans son livre Haarer recommande aux mères de faire grandir leurs enfants sans attachement. Si l’enfant pleure, il faut le laisser crier. Des câlins exagérés doivent toujours être évités.

Les scientifiques craignent qu’une telle méthode cause chez les enfants concernés un trouble de l’attachement qu’ils ont ensuite transmis aux générations suivantes. Il n’y a pas cependant d’études « randomisées » sur l’influence de la philosophie éducative de Haarer.

« Les analystes et les spécialistes de l’attachement y voient déjà depuis longtemps un sujet » dit Klaus Grossmann, qui était chercheur à l’université de Ratisbonne et qui a étudié dès les années 1970 l’attachement mère-enfants. Au laboratoire il pouvait alors reconstituer régulièrement ce type de scène : un bébé pleure. La mère se dirige vers l’enfant, mais avant d’être près de lui, elle s’arrête. Bien que l’enfant pleure à quelques mètres d’elle, elle ne fait rien pour le prendre dans ses bras et le consoler. « Quand nous demandions aux mères pourquoi elles agissaient ainsi, elles disaient qu’elle ne devaient pas gâter l’enfant. »

Ce genre de phrase et de de proverbe comme « Un Indien ne connaît pas la douleur » sont encore répandus de nos jours. Même les bestsellers « Chaque enfant peut apprendre à dormir » d’Annette Kast-Zahn et Harmut Morgenroth vont dans le même sens. Le livre conseille de coucher seuls dans leur chambre les enfants qui ont du mal à s’endormir ou à dormir d’une traite et de n’aller les voir ou leur parler qu’à des intervalles de plus en plus longs, de ne pas les prendre dans les bras, même quand ils pleurent. « Le mieux, c’est quand l’enfant est seul dans sa propre chambre » écrivait Johanna Haarer dans son manuel de 1934 « La mère allemande et son premier enfant ». Si l’enfant se met à crier ou à pleurer, il faut l’ignorer. « Ne commence surtout pas à sortir l’enfant de son lit, à le porter, à le bercer, à le promener ou à le tenir sur tes genoux, voire à le laisser téter. L’enfant comprend incroyablement vite qu’il n’a qu’à crier pour faire venir une âme compatissante et devenir ainsi l’objet d’une telle sollicitude. En peu de temps il exige comme son droit qu’on s’occupe de lui  et n’arrête pas de réclamer qu’on le porte, le berce ou le promène – et voici que règne le petit, mais impitoyable tyran du foyer ! « 

Le bébé, un esprit maléfique dont il faut briser la volonté – tels étaient les enfants selon Haarer. Les effets de cette vision se font sentir encore aujourd’hui. Qu’il s’agisse de la faible natalité, des nombreuses personnes divorcées ou vivant seules, des nombreux burnouts, dépressions, maladies psychiques en général – de nombreux chercheurs, médecins, psychologues se demandent s’il ne faut pas rapporter toute une série de phénomènes à l’absence de sentiment et d’attachement qui a marqué l’éducation des enfants.

Une vision lucide de ces phénomènes sociaux suggère toutefois assurément des causes multiples. L’influence de Haarer ne peut être constatée tout au plus que pour un cas particulier, comme celui de la patiente de Katharina Weiss. « La plupart du temps de telles thérapies mettent d’autres sujets en avant. Mais au bout d’un certain temps on entend des choses qui font penser à Haarer : le dégoût face à son propre corps, des règles alimentaires strictes et une incapacité à s’attacher » dit la psychanalyste. Même le psychiatre et psychothérapeute Hartmut Radebold parle d’un patient qui le consulta à cause de graves problèmes de relation et d’identité. Un jour, ce dernier trouva chez lui un gros livre dans lequel sa mère avait noté d’innombrables informations sur sa première année de vie  concernant son poids, sa taille ou la fréquence de ses selles – mais aucun mot sur ses sentiments.

« On nourrit, baigne, sèche l’enfant, pour le reste on le laisse totalement en paix », tels étaient à l’époque les conseils de Johanna Haarer. Elle décrivait dans tous les détails les aspects corporels, ignorait tout ce qui était psychique – et mettait en garde contre une affection « simiesque » : « Submerger l’enfant de tendres câlins, surtout quand ils viennent de tierces personnes, peut nuire et amollir à la longue. Une certaine retenue à cet égard est ce qui convient à la mère allemande et à l’enfant allemand. » Dès la naissance, il faut recommander d’isoler l’enfant pendant 24 heures ; au lieu d’utiliser une « langue enfantine ridiculement déformée » la mère ne doit s’adresser à lui qu’en un « allemand raisonnable », et quand il crie, elle doit le laisser crier. Cela fortifie les poumons et endurcit.

Les conseils de Haarer avaient une apparence moderne et scientifique, mais ils étaient faux – et on le savait déjà à l’époque – et même nocifs. Les enfants ont besoin de contact physique mais Haarer recommandait de les toucher le moins possible quand on les porte. Elle conseillait une position peu naturelle, illustrée par des images : les mères portent leurs enfants en évitant de les toucher et les fixent sans les regarder pour autant dans les yeux.

De telles expériences peuvent traumatiser. Entre 2009 et 2013 les psychologues Ilka Quindeau et ses collègues de la Frankfurt University of Applied Sciences ont étudié la génération des enfants de la guerre, pour répondre à une mission du ministère fédéral de l’éducation et de la recherche. En fait leur étude devait porter sur les effets à long terme des bombardements et de la fuite des populations. Mais dès les premières interviews les chercheuses durent modifier leur cahier des charges : les conversations concernaient si souvent des expériences familiales qu’elles décidèrent d’ajouter une interview supplémentaire de plusieurs heures sur ce sujet. À la fin, les scientifiques concluent ceci : « Ces personnes manifestent un modèle de loyauté remarquablement forte envers leurs parents. Que leurs descriptions ne mentionnent aucun conflit signale une perturbation de la relation. » En outre Quindeau indique que nulle part ailleurs en Europe on trouve un discours d’enfants de la guerre aussi exhaustif qu’en Allemagne, bien qu’il y ait eu aussi dans d’autres pays des bombardements et des destructions. La psychanalyste austro-britannique Anna Freud avait découvert en 1949 que les enfants qui avaient une bonne relation avec leurs parents avaient moins souffert de la guerre que ceux qui n’avaient pas de bonne relation. Si l’on combine ces découvertes, on constate que les interviews des enfants de la guerre en disent moins sur les bombardements et les expulsions que plutôt sur le deuil concernant les expériences familiales, telle est l’hypothèse de Quindeau. Seulement, ces expériences sont si traumatisantes qu’elles sont devenues indicibles.

Difficile de prouver cette interprétation. L’éthique interdit de réaliser des études expérimentales randomisées de contrôle sur l’influence des conseils pédagogiques de Haarer. Mais des recherches qui ne concernent pas au premier chef l’éducation durant le Troisième Reich livrent des renseignements de valeur, dit Grossmann. « Toutes les données que nous avons indiquent ceci : quand on privé durant la première ou les deux premières années un enfant d’un discours affectueux – telle était la recommandation de Johanna Haarer – on obtient ces enfants limités, incapables d’émotion et de réflexion que la recherche nous fait découvrir. »

Ce spécialiste de l’attachement affectif renvoie entre autres à une étude de long terme publiée en 2014 dans la revue spécialisée « Pediatrics » par une équipe réunie par la psychiatre Mary Margaret Gleason de la Tulane Université de la Nouvelle-Orléans, Louisiane. Gleason et ses collègues  avaient réparti en deux groupes 136 orphelins roumains âgés de six mois à quatre ans : une moitié restait au foyer, les autres furent confiés à des familles d’accueil. Le groupe de contrôle de la même région était constitué par des enfants grandissant chez leurs parents. Entre autres choses, tant chez les enfants des foyers que ceux des familles d’accueil, l’étude constata des problèmes d’apprentissage de la langue et d’attachement. Si par exemple, durant une expérience avec 89 des enfants, un étranger entrait par la porte et demandait aux garçons et aux filles de le suivre sans donner de raison, seuls 3,5% des enfants du groupe de contrôle lui obéissaient, mais 24,1% des enfants des familles d’accueil et même 44,9% des enfants des foyers.

Quand toute une génération a été élevée sans construire d’attachement, comment peut-elle apprendre cet attachement à ses enfants ?

« De tels enfants qui sont manipulables, qui ne pensent et ne ressentent rien, sont pratiques pour une nation de guerriers », dit Karl-Heinz Brisch, psychiatre et psychothérapeute à la clinique pédiatrique Dr. von Haunerschen de l’université Ludwig-Maximilian de Munich. Même dans l’antique cité de Sparte les enfants ont été ainsi élevés. « L’essentiel pour Johanna Haarer, c’est qu’on ne donne pas d’affection à l’enfant quand il en demande. Mais quand on refuse, on repousse aussi », explique Grossmann. Un bébé ne peut communiquer qu’en mimant ou en faisant des gestes. Si cela ne suscite aucune réaction, il apprend que ce qu’il dit n’a aucune valeur. En outre les bébés ont peur de mourir lorsqu’ils souffrent de la faim ou de la solitude et que leur personne de contact ne les apaise pas. Dans le pire des cas, de telles expériences mènent à un trauma de la relation qui empêche les personnes concernées de s’attacher par la suite à d’autres personnes.

Haarer, qui n’avait en tant que pneumologue aucune formation pédagogique ou pédiatrique, fut délibérément soutenue par les nazis. Les conseils de son livre « La mère allemande et son premier enfant » furent enseignés dans les formations destinées aux « mères du Reich ». Ces cours devaient inculquer aux femmes allemandes des règnes unitaires pour élever des nouveau-nés. Jusqu’en avril 1943 ce ne fut pas moins de trois millions de femmes qui subirent ces formations. En outre, le manuel de Haarer était la base de l’éducation dans les jardins d’enfants et les foyers.

Avant même de publier sa « bible de l’éducation » Johann Haarer avait traité des soins pour nourrissons dans des journaux. Plus tard d’autres livres d’elle parurent, entre autres « Mère, parle d’Adolf Hitler », une sorte de conte propageant dans une langue accessible aux enfants l’antisémitisme et l’anticommunisme, ainsi que « Nos petits enfants », un autre manuel de conseils. Après le nazisme la Munichoise fut internée durant une année. Elle resta une nazie enthousiaste jusqu’à sa mort en 1988, selon les dires de deux de ses filles. Et son idéologie personnelle n’est  pas la seule à survivre au Troisième Reich, mais aussi son œuvre principale « La mère allemande et son premier enfant » qui resta longtemps encore un ouvrage répandu. Soutenu par la propagande nazie, il atteignit un tirage de 690.000 exemplaires jusqu’à la fin de la guerre. Et même après la guerre, épuré de son jargon nazi le plus grossier, il fut acheté jusqu’en 1987 par presque autant d’Allemands, atteignant un tirage total d’1,2 millions d’exemplaires

Ces chiffres montrent le succès de l’idéologie de Haarer même après la guerre. Mais pourquoi des mères ont-elles pu pratiquer une méthode si contraire à leur intuition ? « Cela ne plaisait pas à toutes », dit Hartmut Radebold. Le psychiatre, psychanalyste et auteur a consacré des recherches intensives à la génération des enfants de la guerre. Il part du principe que le  manuel de Haarer a eu de l’influence surtout sur deux groupes : sur les parents qui s’identifiaient fortement avec le régime nazi ainsi que sur de jeunes femmes qui venaient elles-mêmes de familles détruites (souvent par la Première Guerre mondiale) et de ce fait n’avaient aucune idée de ce qu’est une bonne relation. Si leurs époux se battaient en plus sur le front en les laissant seules, surmenées et en insécurité, il apparaît naturellement qu’elles étaient particulièrement susceptibles d’adhérer à la propagande éducative de Haarer. En outre, une éducation autoritaire était bien avant 1934 tout à fait courante en Prusse. Seule une culture qui de toute manière tendait vers de telles idées d’endurcissement et d’entraînement intensif pouvait réaliser chose semblable, pense Grossmann. Cela est confirmé, poursuit-il, par les résultats d’études des années 1970 qui indiquant par exemple qu’à Bielefeld, ville du nord de l’Allemagne, un enfant sur deux avait un trouble de l’attachement et qu’à Ratisbonne, au sud de l’Allemagne, qui n’avait jamais appartenu à la zone d’influence prussienne, pas même un enfant sur trois  n’avait en revanche un tel trouble.

Pour évaluer la stabilité de la relation entre la mère ou le père et l’enfant Grossmann et d’autres scientifiques utilisent souvent le test de la situation étrange mis au point par la psychologue nord-américaine du développement Mary Ainsworth. Une mère entre dans une pièce par exemple avec son petit et le dépose près d’un jouet. Après 30 secondes elle s’assied sur une chaise et lit un magazine. Après deux minutes au plus sonne un signal censé rappeler à la mère d’encourager l’enfant à jouer, s’il ne le fait pas encore. Dans les intervalles suivants d’une à trois minutes se déroulent les scènes suivantes : une femme étrangère paraît dans la pièce se tait, les deux femmes s’entretiennent, l’étrangère s’occupe de l’enfant, la mère laisse son sac à main sur la chaise et sort de la pièce. Au bout d’un bref moment elle revient dans la pièce, l’étrangère sort. Peu après la mère sort, et l’enfant reste seul. Après peu de minutes c’est d’abord l’étrangère qui revient et s’occupe de l’enfant, puis la mère.

Les spécialistes de l’attachement observent dans les détails comment se comporte l’enfant. Si dans la situation de séparation il est brièvement heurté et pleure, mais se calme rapidement, on considère qu’il a un attachement stable (« secure »). Les garçons et les filles qui ne trouvent plus le calme ou bien qui ne réagissent pas du tout à la disparition de leur personne de référence passent en revanche pour avoir un attachement instable (« insecure »). Grossmann a fait ce test dans des cultures différentes. Il découvrit ainsi qu’en Allemagne, par opposition à d’autres pays occidentaux, beaucoup d’adultes sont positivement impressionnés par les enfants qui ne réagissent pas à la disparition de leur personne de référence. Ces parents estiment alors que ces enfants sont « autonomes ».

Tels parents, tels enfants

Ses résultats montrent en outre que des enfants, quand ils deviennent adultes et ont eux-mêmes une descendance, transmettent leur comportement d’attachement à la génération suivante. Dans le cadre de l’une de leurs études Grossmann et ses collègues ont saisi de quatre à cinq ans après le test de la situation étrange, à l’aide d’interviews, quel fut le style d’attachement des parents des enfants de l’enquête, quand ils étaient eux-mêmes des enfants. Pour leur évaluation les scientifiques n’ont pas seulement tenu compte du contenu des réponses, mais aussi des émotions des adultes pendant l’entretien. Ainsi, les chercheurs regardaient si les personnes interviewées changeaient souvent de sujet, ne répondaient que par des monosyllabes ou se lançaient dans des éloges bien trop généraux de leurs propres parents, sans décrire de situation concrète. Le résultat de la publication parue en 1988 : pour 65 parents et enfants le comportement d’attachement correspondait dans 80% des cas à celui des parents. Une méta analyse de 2016 des chercheurs réunis autour de Marije Verhage de l’université d’Amsterdam, sur la base d’un corpus de 4819 personnes, a confirmé l’effet de la transmission du comportement d’attachement d’une génération à l’autre.

Il y a actuellement différentes théories tentant d’expliquer comment exactement les parents transmettent à leurs enfants les expériences négatives de leur enfance. Entre-temps les indices s’accumulent concernant le rôle que pourraient jouer ici des facteurs biologiques. Dahlia Ben-Dat Fisher de l’université Concordia de Montréal et ses collègues ont par exemple découvert en 2007 que les enfants de mères négligées durant leur enfance ont régulièrement le matin un taux inférieur de l’hormone de stress cortisol. Les chercheurs ont estimé que c’était le signe d’une manière anormale de réagir au stress.

Une équipe réunie autour de Tobia Hecker de l’université de Zurich a comparé en 2016 en Tanzanie des enfants qui avait subi beaucoup de violence physique et psychique avec d’autres qui n’avaient subi que peu de mauvais traitements de ce genre. Ils découvrirent ici dans le premier groupe non seulement davantage de problèmes médicaux, mais aussi une forme divergente de méthylation du gène qui code la protéine proopiomélanocortine. Cette protéine est déterminante pour toute une série d’hormones, en particulier l’hormone de stress adrénocorticotrophine qui est fabriquée dans la glande de l’hypophyse. Des schémas de méthylation modifiés peuvent influer sur l’activité du gène et très probablement être transmis de génération en génération. Dans des expériences sur des animaux les scientifiques ont pu déjà bien observer ce phénomène, chez l’homme les résultats actuels ne sont pas aussi clairs.

Du point de vue comportemental on ne peut transmettre que les expériences que l’on connaît, dit Grossmann. Certes, les parents peuvent faire le point sur leur propre expérience de l’attachement et tenter d’élever autrement leurs enfants. « Mais dans les moments de stress on retombe souvent dans les schémas appris et inconscients », affirme Grossmann. Peut-être est-ce la raison pour laquelle Gertrud Haarer, la plus jeunes des filles de Johanna Haarer, n’a pas voulu avoir d’enfants. Elle a publiquement parlé de manière critique de sa mère et, après une grave dépression, elle a écrit un livre sur sa vie et ses opinions. Elle-même, dit-elle, avait longtemps refusé les contacts et n’avait aucun souvenir de son enfante. « Manifestement, cela m’a tellement traumatisée que je pensais ne jamais pouvoir élever d’enfants », déclara-t-elle dans une interview à la radio bavaroise.

Anna est psychologue et journaliste à Heidelberg. Lorsqu’elle parla de sa recherche à sa mère, cette dernière monta au grenier et lui présenta l’un des manuels de Haarer – dont elle n’avait cependant jamais pensé du bien.